La présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, Diane Francoeur, a accusé le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, de «négocier à coups de claques au visage». Il est sidérant de voir à quel point les spécialistes sont déconnectés de la réalité.

Les ententes de rémunération conclues par les fédérations de médecins et le gouvernement du Québec prennent fin en 2015. Pour les années 2014-2015 et 2015-2016, la masse salariale des médecins devait augmenter de 713 millions. De plus, Québec doit 440 millions aux médecins en sommes dont le versement a été retardé. Équilibre budgétaire oblige, le gouvernement Couillard demande aux médecins d'étaler sur 9 ans le paiement de ce 1,2 milliard.

Il est compréhensible que les médecins trouvent la pilule dure à avaler; un contrat est un contrat, non? Néanmoins, l'état des finances publiques exige que tous fassent des sacrifices. Des programmes gouvernementaux dont profite la classe moyenne et les plus démunis seront comprimés. Des retraités verront l'indexation de leurs prestations suspendue. En de telles circonstances, les mieux nantis devraient consentir sans rechigner à faire leur part.

Grâce aux ententes conclues en 2007, les médecins québécois ont profité d'un rattrapage significatif de leur rémunération par rapport à celle de leurs confrères des autres provinces.

Depuis 2006, leurs revenus ont bondi de 50%. Le revenu moyen des médecins de famille, net des frais de cabinet, est aujourd'hui de 219 000$. Celui des spécialistes atteint 356 000$.

La Fédération des médecins omnipraticiens a présenté au gouvernement une contre-offre raisonnable, un étalement sur 7 ans plutôt que 9. Un accord est en vue.

Bien que ses membres soient mieux rémunérés, la FMSQ est moins conciliante. Selon les informations parcellaires disponibles, la Fédération propose à Québec un gel de la rémunération pour 2014-2015, puis la moitié de la hausse prévue en 2015-2016. En échange, les spécialistes exigent de récupérer 50% des augmentations d'ici la fin du mandat du gouvernement libéral, en 2018; l'autre 50% serait étalé sur un nombre d'années encore indéterminé. Le ministre Barrette estime que cette proposition est trop imprécise et ne permettrait pas au gouvernement de rétablir l'équilibre budgétaire. C'est ce que Diane Francoeur qualifie de «claques au visage». Vraiment, on n'a plus les taloches qu'on avait.

En cette période difficile, les médecins ont un devoir de solidarité envers les contribuables qui paient leurs salaires. Aux spécialistes qui gagnent 300 000, 400 000, voire 500 000$ par année, il n'est certainement pas excessif de demander de différer les hausses de revenus convenues en des temps moins sombres.