Quoi qu'en disent certains membres du gouvernement Couillard, les compressions qui permettront le retour à l'équilibre budgétaire vont avoir un impact sur les services offerts à la population. Quoi qu'en pensent plusieurs citoyens, il ne suffira pas de «couper dans le gras».

Certes, le gouvernement du Québec, comme tout État, n'est pas un modèle d'efficacité. Sans doute, on pourrait amincir les structures et se départir d'un certain nombre de cadres. Mais les sommes ainsi économisées ne suffiraient pas. Si le gouvernement du Québec est dans le rouge et endetté, c'est parce qu'il offre plus de services que ce qu'il a les moyens de payer. Seules deux avenues mènent à une solution: ou bien on réduit les services, ou bien on augmente le fardeau fiscal.

Depuis quelques semaines, les médias font état des programmes qui pourraient être touchés par les compressions. Comme par hasard, il s'agit de programmes particulièrement appréciés: CPE, aide aux devoirs, universités, assurance parentale, etc. Hier, le premier ministre Philippe Couillard a nié que son gouvernement soit à l'origine de ces ballons d'essai, accusant plutôt des fonctionnaires.

«Ce sont clairement des fuites qui viennent des structures dans le secteur public qui tentent de freiner certains changements», a dit M. Couillard. La recette est bien connue dans le secteur public. Pour résister aux volontés du gouvernement en place, on émeut l'opinion en plaçant sous le couperet des services particulièrement populaires. L'aide aux devoirs est-elle vraiment le seul poste où les commissions scolaires peuvent trouver des sous?

Cela dit, même si ces fuites sont des tactiques de bureaucrates, cela ne change rien à une réalité incontournable: certains programmes devront être rendus moins généreux ou même sacrifiés.

Le gouvernement libéral semble compter sur des réaménagements de structures pour rendre la machine étatique plus efficace. Hier, le premier ministre a parlé de changements «nombreux» et «importants». On sait que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, planche sur une vaste réorganisation du réseau. Cette réforme, la nième qu'aura subie le système de santé de la province, réussira-t-elle là où les précédentes ont échoué? De la création des régies régionales de santé il y a 20 ans à la mise en place des centres de santé et des services sociaux (CSSS) en 2003, en passant par le virage ambulatoire de Jean Rochon, le réseau a vécu plus que sa part de chambardements. Ces changements ont accaparé le temps et l'énergie de beaucoup de monde pendant des années. Pourtant, les problèmes perdurent.

Les libéraux peuvent bien tenter de dorer la pilule en faisant croire que grâce à ces changements structurels, l'État québécois fera «plus avec moins». Ça n'arrivera pas. Si les mesures prises ne font pas mal, c'est que la chirurgie n'aura pas eu lieu.