L'épidémie de fièvre Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest menace maintenant de s'étendre au pays le plus peuplé du continent, le Nigeria (169 millions d'habitants). Le virus y a tué un homme de 40 ans vendredi dernier. Il était arrivé à Lagos en avion quelques jours plus tôt, en provenance du Liberia. Les autorités sanitaires nigérianes s'affairent à examiner toutes les personnes qui ont pris le même vol que la victime. Il faut à tout prix éviter la propagation dans cette mégalopole de 20 millions d'habitants où le système de santé est gravement lacunaire.

Le virus Ebola, on le sait, se transmet aux humains par le contact avec des animaux infectés, en particulier des chauves-souris et des singes. Il se transmet ensuite entre humains par le contact de liquides corporels (salive, sang, sperme). Il provoque diarrhées et vomissements violents ainsi que des hémorragies internes et externes. Le taux de mortalité est très élevé.

Selon le plus récent bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1000 personnes ont été infectées dans les trois principaux pays touchés (Guinée, Liberia et Sierra Leone). De ce nombre, 660 sont mortes. C'est de loin l'épisode le plus grave depuis la découverte du virus, en 1976.

Heureusement, des organisations internationales sont sur le terrain, en particulier l'OMS et Médecins sans frontières, sans lesquelles l'épidémie échapperait certainement au contrôle des autorités locales.

Dans les laboratoires occidentaux, la recherche d'un traitement avance lentement mais sûrement. «Mon voeu le plus cher, c'est qu'il n'y aura plus d'épidémie comme celle-ci. Que la prochaine fois, nous serons prêts», a déclaré à La Presse Canadienne le chercheur canadien Gary Kobinger, du Laboratoire national de microbiologie.

Si, à intervalles réguliers, l'Ebola fait tant de ravages en Afrique, ce n'est pas seulement en raison de sa virulence, mais aussi à cause des conditions de vie difficiles prévalant sur ce continent. Malgré les progrès réalisés au cours des dernières années, l'hygiène reste déficiente, les infrastructures de santé sont insuffisantes et l'information circule mal. Ainsi, des pratiques culturelles anciennes perdurent malgré les risques. Dans les pays touchés, les familles ont l'habitude de garder auprès d'elles le corps d'un défunt pendant plusieurs jours. Des membres de la famille font des kilomètres pour pouvoir toucher et embrasser la dépouille. Si la mort a été causée par l'Ebola, toutes ces personnes seront contaminées et contamineront leur entourage.

La viande d'animaux sauvages, notamment des chauves-souris, est prisée en Afrique de l'Ouest. Les autorités ont beau en interdire la consommation, il n'est pas certain que leur message soit entendu.

L'Afrique a fait des pas de géants depuis l'adoption de la Déclaration du millénaire par les Nations unies, il y a 14 ans. Cependant, parmi bien d'autres crises, l'épidémie d'Ebola vient rappeler aux pays riches que le continent noir a encore besoin de notre solidarité.