Les commentateurs ont vertement critiqué la manière dont le Parti libéral du Québec a géré le dossier de la «charte des valeurs». Nous l'avons fait dans cette colonne il y a quelques jours, déplorant l'absence du chef, Philippe Couillard. Notre collègue Lysiane Gagnon y revient aujourd'hui.

Les commentateurs ont vertement critiqué la manière dont le Parti libéral du Québec a géré le dossier de la «charte des valeurs». Nous l'avons fait dans cette colonne il y a quelques jours, déplorant l'absence du chef, Philippe Couillard. Notre collègue Lysiane Gagnon y revient aujourd'hui.

Le verdict sur la stratégie ayant été rendu, il faut revenir au fond des choses. Sur le coeur de la question, soit l'interdiction des signes religieux dans le secteur public, la position du Parti libéral n'a pas été aussi louvoyante que plusieurs l'ont dit. Avant même la présentation des orientations gouvernementales, au début de l'automne dernier, le PLQ a publié un document expliquant son approche. On pouvait y lire qu'«à l'exception de l'encadrement du port du voile facial, nous nous opposerons fermement à toute limitation des libertés individuelles des hommes et des femmes oeuvrant dans des organisations publiques.»

Le mécontentement de la députée Fatima Houda-Pepin et l'inquiétude dans les rangs libéraux ont forcé M. Couillard à revoir la question, tâche qu'il a confiée à un comité présidé par l'ancien bâtonnier Gilles Ouimet. On ne cessait de reprocher à Jean Charest de bâillonner ses militants, voici qu'on reproche à Philippe Couillard de les consulter... Résultat de l'exercice: la position du PLQ reste essentiellement inchangée, sauf dans le cas précis du tchador, vêtement auquel personne n'avait pensé jusque là, tellement le scénario est hypothétique.

La proposition du Parti libéral est qualifiée de complexe. C'est parce que le problème lui-même est complexe, à moins de recourir à des moyens simplistes, comme l'interdiction générale du port des signes religieux, quels qu'ils soient, que l'employé soit au contact du public ou pas. De plus, les libéraux ont choisi de confier la gestion de pluralisme religieux aux institutions locales, une fois les balises générales fixées. Plusieurs organismes publics le font déjà sans que cela pose de problèmes. L'approche du Parti québécois est radicale et autoritaire: peu importe ce que souhaitent les municipalités, les établissements de santé et les universités, c'est Québec qui décide.

Certains jugent légaliste le point de vue du PLQ, reproche qu'on fait aussi au Barreau du Québec et à la Commission des droits de la personne. Le juriste et ancien ministre libéral Benoît Pelletier déplore que les adversaires de la charte péquiste «s'en remettent d'une façon un peu trop fataliste et volontaire à des juges qui sont dépourvus de légitimité démocratique.» Cette opinion va à l'encontre de l'approche de la plupart des démocraties dans ce domaine. Partout, l'interprétation des chartes est confiée aux tribunaux parce qu'eux seuls sont en mesure de protéger les minorités des abus possibles de la majorité. Majorité qui, elle, contrôle la législature.

Aujourd'hui, les Québécois se retrouvent devant deux approches fondamentalement opposées en ce qui a trait au seul enjeu faisant vraiment débat, le port des signes religieux dans le secteur public. L'approche du PQ veut qu'on piétine les droits des minorités religieuses sans avoir fait la démonstration qu'une mesure aussi draconienne est nécessaire, sauf à des fins électorales.

L'approche de M. Couillard, libérale au sens philosophique du terme, cherche à concilier l'apaisement des craintes identitaires des Québécois et la protection des droits fondamentaux. Quant à nous, le choix est clair. Nous allons résolument défendre la position libérale.