Comme ce fut souvent le cas au cours des dernières années, l'actualité de la semaine a été dominée par des révélations, des soupçons et des spéculations relatives à la corruption présumée de la classe politique québécoise. La semaine a été particulièrement pénible pour le Parti libéral du Québec.

Ses bureaux, a-t-on appris, ont fait l'objet d'une perquisition de l'Unité permanente anticorruption en juillet. Mercredi matin, les enquêteurs ont accosté le chef de la formation, Philippe Couillard. Et devant la commission Charbonneau, l'entrepreneur Paul Sauvé a soutenu avoir obtenu un contrat après avoir contribué au financement du PLQ.

On sait maintenant, grâce au travail acharné des journalistes et aux audiences de la commission Charbonneau, que le système du financement des partis politiques a été perverti par l'usage étendu de prête-noms. Plus grave, des accusations criminelles ont été portées contre des élus municipaux et des entrepreneurs. Tout indique que les lois ont été violées et les contribuables floués. Ceux-ci ont toutes les raisons d'être furieux.

Est-ce à dire que l'ensemble de la classe politique de la province est malhonnête? Nous ne le pensons pas. Que le Parti libéral est rongé jusqu'à l'os par la corruption? Non plus. Que M. Couillard est mêlé à des affaires croches? Encore moins.

Dans le climat actuel de désabusement et de méfiance, il est facile d'oublier que notre système de justice criminelle repose sur le principe sacré de la présomption d'innocence. Ce principe nous a bien servi au fil des décennies. Il en découle qu'une perquisition n'est pas une accusation, qu'une accusation n'est pas un procès, et qu'un procès n'aboutira à une condamnation que si la culpabilité de l'accusé ne fait pas de doute aux yeux du jury ou du juge. De l'enquête à la condamnation, la route est si longue  qu'on devrait s'interdire de sauter aux conclusions.

La police avait certainement des raisons sérieuses pour mener une perquisition dans les locaux du PLQ, dont des ministres et députés ont fait l'objet de nombreuses allégations pendant leurs neuf années au pouvoir. Cela ne signifie pas que les soupçons des enquêteurs sont fondés, qu'ils mèneront à des accusations ou à des condamnations. Attendons.

Il a beaucoup été question au cours des derniers jours des liens possibles entre le monde politique et les forces policières. Les doutes à ce sujet sont peut-être fondés. Cependant, il faut aussi constater que l'UPAC a arrêté des personnalités de premier plan, à commencer par les maires de Laval et de Montréal. Une force policière à la solde du pouvoir aurait-elle agi ainsi?

Pour notre part, jusqu'à preuve du contraire, nous continuons à faire confiance à ceux qui ont pour tâche de faire respecter la loi. Nous persistons à croire que la grande majorité des membres de la classe politique québécoise est intègre. Et nous attendrons qu'un individu soit déclaré coupable à l'issue d'un procès juste et équitable avant de le considérer comme un criminel.