La Coalition avenir Québec a décidé de faire de la baisse du fardeau fiscal des particuliers son nouveau cheval de bataille. Un comité a été formé pour trouver les façons d'y parvenir. Mais, d'ores et déjà, François Legault promet de «faire le ménage» dans l'appareil gouvernemental.

Les caquistes n'ont pas le monopole de ce type de promesses. En 2003, les libéraux s'engageaient eux aussi à diminuer les impôts de la classe moyenne; l'impôt sur le revenu a bel et bien baissé, mais plusieurs tarifs ont été revus à la hausse. En 2012, le PQ promettait d'éliminer la taxe santé et la hausse des tarifs d'électricité; on sait ce qui est arrivé depuis.

La grande majorité des politiciens constatent que les Québécois sont écrasés par les impôts. Cependant, ils savent aussi que la population tient mordicus à tous les généreux services que l'État a concoctés pour eux. Alors ils font miroiter une solution magique ou une autre: «dégraisser la bureaucratie», «mettre les syndicats au pas», «régler le déséquilibre fiscal», «faire payer les compagnies». Arrivés au pouvoir, ils admettent, sans honte, que les choses ne sont pas aussi faciles qu'ils l'avaient prétendu.

Il est trop facile de blâmer les politiciens pour cette situation. Il serait politiquement suicidaire de décrire les choses telles qu'elles sont: si le fardeau fiscal des Québécois est si élevé, c'est parce que le gouvernement du Québec dépense toujours plus. Et si les dépenses du gouvernement augmentent, c'est parce que nous voulons toujours plus de services.

Selon une étude du Centre sur la prospérité et la productivité (HEC-Montréal), sans tenir compte de l'inflation, les dépenses par habitant du gouvernement provincial ont augmenté de 76% entre 1981 à 2009, passant de 4800$ à 8500$ par année. Sans doute pourrait-on économiser des sous ça et là par une gestion plus serrée. Mais ce qui coûte cher surtout, ce sont les garderies aux tarifs gelés à 7$ par jour, le régime d'assurance-médicaments le plus généreux en Amérique du Nord, des droits de scolarité universitaires les plus bas du continent, etc. En pleine période de compressions budgétaires, le gouvernement continue d'annoncer des nouveaux programmes: registre des armes à feu (combien?), guichet unique pour les garderies (autofinancé, dit-on!).

Quoi qu'en dise M. Legault, dégager des sommes importantes en «faisant le ménage» est impossible si on ne touche pas aux services fournis par l'État. Pour ce qui est de «mettre au pas» les syndicats du secteur public, la population est pour... jusqu'à ce que les débrayages et les manifestations se multiplient. Alors, la majorité supplie le gouvernement de «dialoguer» afin de mettre fin à la «crise sociale».

Des changements pourraient certes être apportés afin de rendre la fiscalité moins nuisible à la croissance économique, par exemple en continuant de diminuer l'impôt sur le revenu pour augmenter plutôt les taxes à la consommation et les tarifs. Toutefois, le fardeau global ne pourra être diminué que si les Québécois acceptent de sacrifier certaines choses. Or, depuis quelques années, notre choix de société consiste... à ne pas faire de choix.