Le pape François a conclu hier, par une messe à laquelle assistaient 3 millions de personnes, son premier périple à l'étranger, au Brésil. Au cours de ce voyage, le monde a pu constater combien ce pape était différent, à quel point, sous sa garde, l'Église catholique pourrait changer.

Dans le style, d'abord. Jamais un pape, même le très charismatique Jean-Paul II, ne se sera autant approché des fidèles. Circulant au milieu des foules, le pape a touché les gens (au sens propre autant que figuré) et les a laissé le toucher. Il a visité un quartier pauvre de Rio, embrassé des toxicomanes, confessé des détenus.

François émeut aussi parce qu'il parle simplement. On est loin des textes obscurs sortis du Vatican, accessibles aux seuls théologiens. Samedi, devant des centaines de milliers de jeunes, il a comparé la foi au foot : «Jésus nous offre quelque chose de meilleur que la Coupe du monde! Il nous offre la possibilité d'une vie féconde et heureuse, il nous offre aussi un avenir avec lui qui n'aura pas de fin, la vie éternelle. Mais il demande de nous entraîner pour " être en forme ", pour affronter sans peur toutes les situations de la vie, en témoignant de notre foi.»

Sur le fond, le message du pape François n'est pas très différent de celui de ses prédécesseurs. Mais, en évitant d'insister sur les interdits en matière de sexualité, il donne toute leur place aux questions sociales qui sont sa priorité. C'est ainsi qu'il demande aux membres du clergé et aux fidèles d'aller à l'encontre de l'autre, de témoigner de leur foi en allant sur le terrain, en aidant les démunis et les exclus.

Aux jeunes, le Souverain pontife a fait savoir qu'il est sensible à leur quête d'une société meilleure : " J'ai suivi avec attention les nouvelles relatives à tant de jeunes qui, en tant de parties du monde sont sortis dans la rue pour exprimer le désir d'une civilisation plus juste et fraternelle. Demeure cependant la question: par où commencer? Quels critères pour la construction d'une société plus juste?

Quand on demandait à Mère Theresa de Calcutta qu'est-ce qui devait changer dans l'Église, elle répondait: toi et moi!»

Cependant, il a renvoyé dos à dos les gouvernements insensibles et les manifestants usant de violence : «Entre l'indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible : le dialogue. Le dialogue entre les générations, le dialogue dans le peuple, car tous nous sommes peuple, la capacité de donner et de recevoir, en demeurant ouverts à la vérité.»

Nul doute qu'en agissant et en parlant de la sorte, le pape François pourra redonner confiance aux catholiques et rendre l'Église plus pertinente pour le monde d'aujourd'hui. Toutefois, s'il veut qu'elle soit aussi plus crédible, la tâche à accomplir à Rome est herculéenne. François est un grand prédicateur. Mais saura-t-il vaincre les forces du statu quo et réformer la gouvernance de l'Église?