Samedi dernier, nous suggérions que le gouvernement Marois change de ton dans sa réaction au budget Flaherty. L'approche «hystérique» adoptée jusqu'à maintenant nous semble peu susceptible d'inciter le gouvernement fédéral à revenir sur les décisions annoncées dans le budget.

Cela dit, le gouvernement Harper doit lui aussi changer d'attitude, notamment dans le dossier de la formation de la main-d'oeuvre. En imposant aux provinces la nouvelle Subvention canadienne pour l'emploi, Ottawa risque de causer plus de problèmes qu'il n'en réglera.

Le gouvernement fédéral a raison de dire que, dans certains secteurs, les employeurs ont du mal à trouver des travailleurs qualifiés. C'est une préoccupation majeure des entreprises, petites et grandes. Celles-ci ne manquent pas une occasion de presser les gouvernements d'agir plus efficacement dans ce domaine.

Les études menées sur la question révèlent que la situation varie considérablement d'une industrie à l'autre et d'une région à l'autre. C'est précisément parce qu'il n'existe pas une telle chose qu'un marché national de l'emploi qu'au cours des dernières années, le fédéral s'est retiré du domaine de la formation de la main-d'oeuvre. Dans les Ententes sur le marché du travail signées en 2008, le gouvernement du Canada reconnaissait que «la responsabilité première de la conception et de la prestation des programmes portant sur le marché du travail pour les individus incombe» aux provinces.

Tout à coup, quelqu'un à Ottawa a eu un éclair de génie et conçu un programme miracle, la Subvention canadienne pour l'emploi. L'idée a paru tellement extraordinaire aux conservateurs qu'ils ont décidé de tordre le bras des provinces pour qu'elles l'acceptent, sans daigner les consulter pour savoir si elles jugeaient la mesure utile et quel impact aurait le nouveau programme sur les services qu'elles offrent déjà.

Car c'est bien de tordage de bras qu'il s'agit: le gouvernement Harper réduira de 300 millions ses transferts aux provinces à moins qu'elles acceptent d'embarquer en puisant dans leurs coffres une somme équivalente. Coût total pour les provinces: 600 millions!

Qu'est-ce qui fait croire à Ottawa que la formule proposée sera plus efficace que ce qui se fait déjà? Se fonde-t-on sur les résultats d'un projet pilote? Sur des expériences menées à l'étranger? Nos questions à ce sujet n'ont pas reçu de réponses pertinentes. Le fédéral joue à l'apprenti sorcier.

À la Chambre des communes, Stephen Harper a déclaré que son gouvernement souhaite travailler «en partenariat avec les provinces et le secteur privé». Le premier ministre devrait commencer par écouter ce que ses «partenaires» ont à dire au lieu de chercher à leur imposer sa volonté.