Doyen des partis politiques provinciaux, le Parti libéral du Québec (PLQ) «est le seul à avoir survécu aux soubresauts et aux intempéries politiques depuis sa création», souligne l'historien Michel Lévesque dans son nouveau livre sur cette formation politique.*

Si le Parti libéral a si bien résisté au temps, c'est parce qu'il a su renouveler ses façons de faire et son programme, tout en continuant de s'appuyer sur les valeurs libérales. C'est à un nouvel exercice de modernisation que doit s'atteler le nouveau chef, Philippe Couillard, élu hier dès le premier tour.

Sous Jean Charest, le Parti libéral est redevenu une redoutable machine électorale. Mais l'exercice du pouvoir pendant neuf ans a eu pour effet d'étouffer tout débat au sein du parti. De plus, la cueillette de fonds est devenue une obsession malsaine.

M. Couillard sait ce qu'il a à faire: il a parlé d'un «nouveau Parti libéral du Québec». Il s'agit d'insuffler une nouvelle vitalité démocratique au PLQ et de donner un nouvel éclat aux principes libéraux, toujours aussi pertinents. De là, les libéraux pourront développer et présenter aux Québécois des solutions concrètes aux problèmes d'aujourd'hui et une vision du Québec de demain.

Le défi principal sera de faire tout cela alors que le gouvernement en place est minoritaire. Au sein de la députation et de l'organisation, la tentation sera forte de défaire le gouvernement Marois à la première occasion, faisant ainsi l'économie d'une discussion en profondeur sur la réorganisation politique et intellectuelle du parti. M. Couillard doit absolument éviter ce piège.

On ne peut qu'être attristé par la troisième place de Raymond Bachand, un homme qui a grandement contribué au développement économique du Québec. Il est souhaitable que M. Bachand se remette de sa légitime déception et choisisse de poursuivre sa carrière au service de ses concitoyens.

La deuxième place de Pierre Moreau en a surpris plus d'un. Cette campagne a confirmé les talents politiques considérables du député de Châteauguay. Philippe Couillard serait bien inspiré de faire de son ex-adversaire l'un de ses principaux lieutenants, pas seulement pour la forme.

Tout au long de son histoire, le Québec a bénéficié de la présence d'un courant libéral fort, recherchant constamment l'équilibre entre l'identité québécoise et l'appartenance canadienne, entre le respect des droits individuels et la protection de la culture majoritaire, entre le développement économique et la solidarité sociale. Pour pouvoir nourrir notre société, ce mouvement ne peut pas seulement être un marchepied pour le pouvoir; il doit être un lieu de réflexion et de débats. M. Couillard l'a dit et répété. Il lui faut maintenant traduire ce voeu en réalité, tout en se préparant aux prochaines élections. Mener les deux tâches de front sera aussi difficile qu'essentiel.

*Histoire du Parti libéral du Québec - La nébuleuse politique 1867-1960. Éditions du Septentrion.