À l'annonce du choix du conclave - le jésuite argentin Jorge Mario Bergoglio - journalistes et observateurs se sont tournés vers l'internet pour en savoir plus sur ce cardinal de 76 ans qui ne figurait pas parmi les favoris. Dans tout ce qui a été écrit sur lui, bien avant l'élection d'hier, un thème revient constamment: le pape François est un homme simple et proche des gens.

Ce trait de caractère ne pourra qu'aider l'Église catholique, autant dans le monde en développement - où elle est en «concurrence» avec des religions plus populaires - et dans le monde développé - où elle a perdu beaucoup de terrain face à l'athéisme ou à une spiritualité plus personnalisée. Bien des gens, croyants ou non, apprécieront que l'Église renoue avec le dépouillement de Jésus et de François d'Assise.

Tout au long de sa carrière, le cardinal Bergoglio a travaillé à aider les démunis. Il a critiqué le néo-libéralisme et la mondialisation, qualifiant la pauvreté de «violation des droits de l'Homme». Toutefois, foncièrement modéré, il a rejeté la théologie de la libération.

Il a mené une vie d'ascète; on verra comment il pourra concilier cela avec le faste traditionnel du Vatican. On l'a vu hier, il n'a pas le charisme d'un Jean-Paul II. Pourtant, sa modestie, son aise sur le terrain peuvent beaucoup plaire.

Son parcours n'est pas dénué de controverses. Certains l'accusent d'avoir négligé de protéger deux prêtres enlevés et torturés sous la dictature militaire (1976-1983); d'autres affirment qu'au contraire, c'est grâce à lui que le régime les a libérés.

Ceux qui espèrent un changement dans l'enseignement de Rome sur les questions de morale sexuelle seront déçus. Dans ce domaine, le cardinal Bergoglio ne s'est jamais distancé de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Comme le cardinal Marc Ouellet, il s'oppose à l'avortement en toutes circonstances. Il a qualifié de «projet démoniaque» la loi argentine reconnaissant le mariage de conjoints de même sexe. Cela dit, il a toujours traité avec humanité les personnes concernées. L'automne dernier, il a vertement dénoncé les prêtres argentins - des «hypocrites» - qui refusaient de baptiser des enfants nés hors-mariage.

François ne révolutionnera pas l'Église. De passage à Québec lors du Congrès eucharistique international en 2008, il admettait la nécessité d'une modernisation dans la façon de communiquer, mais non dans le message lui-même: «Si moderne veut dire imiter le monde, l'Église ne le sera pas. L'Église doit être moderne dans ses moyens de transmettre la Bonne Nouvelle [...]. Mais si elle veut être progressiste en captant les idéologies, alors elle risque de devenir une ONG vide et adolescente.»

Néanmoins, par ses origines, son cheminement et sa personnalité, le pape François suscite beaucoup d'espoir.