La ministre de l'Éducation, Marie Malavoy, a suscité de vives réactions cette semaine en faisant part de ses intentions relatives à l'enseignement de l'anglais et de l'histoire et au financement de l'école privée. Ses propos au sujet de l'enseignement de l'anglais au primaire sont particulièrement inquiétants.

«Mon parti est très critique par rapport à l'idée d'introduire une langue étrangère alors que l'on commence à maîtriser les concepts, la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire de sa langue maternelle», a dit Mme Malavoy au Soleil. L'anglais, une «langue étrangère» ? Le lapsus est révélateur de la façon dont bien des gens, au Parti québécois, voient la lingua franca du monde d'aujourd'hui. Comme le déplore le député de la CAQ, Gérard Deltell, c'est encore, à leurs yeux, «la langue de Lord Durham».

Tout en affirmant souhaiter que les Québécois francophones apprennent l'anglais, les péquistes ont toujours cherché à limiter le plus possible l'exposition des jeunes à cette langue. Les intentions annoncées par le gouvernement Marois vont en ce sens: abandon de l'enseignement de l'anglais lors des trois premières années du cours primaire, frein à l'implantation de l'enseignement intensif en sixième année, interdiction faite aux francophones de fréquenter un collège de langue anglaise.

Les péquistes justifient ces mesures par la crainte de voir les enfants apprendre moins bien le français s'ils sont exposés à l'anglais durant leurs premières années d'études. Certains francophones pourraient même être assimilés par la culture dominante du continent.

Commençons par ce dernier argument: l'assimilation des Québécois francophones à l'anglais, ça n'existe pas. En 1971, 1,5% des Québécois de langue maternelle française avaient adopté l'anglais comme langue principale à la maison. Trente-cinq ans plus tard, ce pourcentage était de... 1%.

Pour ce qui est la maîtrise approximative du français par les jeunes Québécois, ce phénomène déplorable (et ancien) n'a rien à voir avec l'introduction d'une heure ou deux d'anglais par semaine au début du primaire. Les enfants sont surtout victimes d'un environnement (famille, télévision, médias sociaux, enseignants) où la grammaire et l'orthographe sont souvent malmenées, pour ne pas dire massacrées. C'est là-dessus que tous ceux qui tiennent à l'avenir du français au Québec devraient travailler au lieu de priver les jeunes d'apprendre l'anglais.

Enfin, les propos de la ministre de l'Éducation montrent combien la main tendue par Pauline Marois aux anglo-Québécois était spécieuse. En réalité, pour les péquistes, la langue anglaise est un corps étranger qui menace la survie la société québécoise. Il faut l'en extirper.