«La fierté d'être libéral»: le slogan de Pierre Moreau, candidat à la direction du Parti libéral du Québec, est bien choisi. Après neuf années difficiles au gouvernement, années qui ont gravement endommagé la marque libérale, les libéraux doivent profiter de leur défaite et de la course au leadership pour se ressourcer. C'est-à-dire revenir à leurs racines, aux principes fondateurs du parti.

À l'évidence, le PLQ se doit de séduire une plus grande partie de l'électorat francophone. Ce faisant, toutefois, les libéraux doivent résister à la tentation de concurrencer les autres partis sur le terrain de la gauche (efficace ou pas...) et du nationalisme. La formation doit au contraire revenir à la promotion du libéralisme et du fédéralisme, un terrain que les événements des dernières années l'ont amenée à délaisser quelque peu.

Dans l'esprit d'une partie substantielle de la population, libéralisme et fédéralisme sont aujourd'hui associés à la commission Gomery et aux erreurs du gouvernement Charest. C'est une caricature que les libéraux doivent effacer. Le Québec ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans ces deux idées fortes. Parce qu'elles sont plus pertinentes que jamais, il faut leur redonner l'éclat qu'elles ont perdu.

«Qu'il s'agisse d'un projet de loi ou de règlement ou d'un programme gouvernemental, le premier souci d'un esprit libéral est de s'assurer qu'il n'entraînera pas de restriction injustifiée aux libertés individuelles», écrivait Claude Ryan. Cependant, le libéralisme québécois comprend que la préservation de la culture française nécessite certaines restrictions aux libertés et que la justice sociale exige l'intervention de l'État.

Avant d'être un système constitutionnel, le fédéralisme est un système de valeurs et de principes (appréciation de la diversité, respect de l'autonomie des collectivités, union des forces pour l'atteinte d'objectifs communs, division des pouvoirs de l'État à l'avantage du citoyen), valeurs et principes dont se réclamerait la majorité des Québécois si le mot n'avait été à ce point diabolisé au fil des ans.

À cet égard, les propos des candidats sont encourageants, notamment ceux de Raymond Bachand et Philippe Couillard. «Si je choisis le fédéralisme, a dit M. Couillard en lançant sa campagne, ce n'est pas parce qu'il est rentable, un moindre mal ou le résultat de notre histoire. C'est parce qu'il est porteur de principes de vie commune qui nous amènent vers de plus vastes horizons: un espace unique, envié partout sur la planète, de partage démocratique, économique, culturel et social.»

Bien entendu, comme le libéralisme, le fédéralisme québécois a ses particularités, notamment la priorité donnée «aux attentes et aux besoins du peuple québécois» (Ryan encore).

Ce n'est pas en s'éloignant de ces idées ou en les cachant que le PLQ regagnera la confiance des Québécois francophones. Au contraire, c'est en s'en faisant le fier défenseur.