Quelques heures après son assermentation, le nouveau ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, a voulu rassurer le milieu des affaires. «La prospérité des Québécois passe par un milieu des affaires qui fait face à un climat d'affaires attrayant», a dit M. Marceau. Malheureusement, les premières décisions du gouvernement Marois vont dans le sens inverse.

C'est le cas de la hausse des impôts des Québécois dont les revenus sont plus élevés. Le cabinet de la première ministre a confirmé au quotidien Le Soleil que non seulement cette hausse aura lieu mais qu'elle sera rétroactive à l'année en cours.

Cette augmentation du fardeau fiscal de ceux qu'on appelle abusivement «les riches» vise à financer l'abolition de la contribution santé de 200 $ mise en place par le gouvernement précédent. Les péquistes transféreront ainsi le milliard que versaient cinq millions de contribuables sur les épaules des 145 000 personnes dont le revenu imposable est de 130 000 $ et plus. Celles-ci verront leur taux d'imposition augmenter. De plus, tous les Québécois recevant des dividendes ou engrangeant de gains en capital verront ceux-ci taxés davantage. Au total, ces gens-là devront payer plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de dollars de plus.

Les effets pervers d'une telle mesure risquent d'être nombreux. Par exemple, le temps venu de choisir leur lieu de résidence ou d'investissement, des professionnels et des entreprises pourraient faire une croix sur le Québec.

Il n'y a pas pire moment qu'aujourd'hui pour pénaliser le travail et l'investissement. Notre économie ralentit. La conjoncture internationale est des plus inquiétantes. Alors que la récession s'aggrave en Europe, que l'économie américaine tarde à redémarrer et que la croissance ralentit en Chine, les outils généralement employés par l'État pour stimuler la croissance semblent moins efficaces que jamais.

«La vérité, c'est que personne à la Fed ne sait comment relancer l'économie», a lancé la semaine dernière le président de la Federal Reserve de Dallas, Richard Fisher. M. Fisher souligne que les entreprises américaines ont plein d'argent dans leurs coffres. Cependant, elles hésitent à l'investir. Il cite le président d'une grande compagnie: «Nous sommes collés comme du velcro par l'incertitude relative à la politique fiscale (du Congrès) et à la débâcle européenne.» Au Canada aussi les gens d'affaires craignent de dépenser leurs réserves, au grand dam du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

La priorité des gouvernements, en Amérique comme ailleurs, devrait donc être de créer un climat de confiance pour que les entreprises se remettent à investir. Au contraire, les premiers jours du gouvernement Marois suscitent l'inquiétude. Les péquistes font ainsi courir des risques supplémentaires à une économie déjà fragile.