À la suite de l'éditorial du 14 septembre («L'incohérence de Québecor»), le président et chef de direction de l'entreprise en question, Pierre Karl Péladeau, m'a fait l'honneur d'une réplique, publiée en fin de semaine dans ses journaux.

Dans cet éditorial, je soulignais l'incohérence de l'opposition de Québecor à l'acquisition d'Astral par BCE. Je faisais remarquer que cette transaction s'inscrit dans une stratégie en tous points semblables à celle de Québecor, soit la consolidation et la convergence de la production et de la diffusion de produits culturels. De plus, je demandais pourquoi M. Péladeau s'inquiète de la position dominante qu'acquerra Bell au Canada alors que son entreprise jouit d'une situation similaire au Québec.

À ces arguments, M. Péladeau n'offre aucune réponse. Il se contente d'insulter tous ceux qui approuvent la transaction, à commencer par l'auteur de ces lignes qui ne serait, à ses yeux, qu'une «plume servile», «le porteur des opinions de la puissante famille Desmarais». Et c'est M. Péladeau qui m'accuse de «personnaliser un débat d'intérêt national» ?

Dans les quelques textes où j'ai parlé de Québecor au cours des ans, jamais je n'ai insulté M. Péladeau de quelque manière. Malheureusement, l'insulte est l'arme favorite du grand patron de Québecor. Ainsi, selon lui, les personnes et groupes appuyant l'entente BCE-Astral «sont redevables à Bell ou à Astral en tant que bénéficiaires de commandites ou de dons» ou sont en «conflit d'intérêts». Autrement dit, personne n'est sincère dans ce débat, tous ne pensent qu'à leurs petits intérêts, sauf M. Péladeau évidemment!

Je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire en apprenant que, selon Pierre Karl Péladeau, je mène «une croisade» contre Québecor. M. Péladeau sait très bien quels médias mènent une croisade et contre qui.

Je me demande comment ont réagi les artisans du Journal de Montréal en voyant M. Péladeau accuser les propriétaires de La Presse d'«utiliser de façon sournoise» ses pages d'opinion pour faire valoir «leurs intérêts d'affaires». Chacun sait que jamais les intérêts de Québecor n'entrent en jeu dans les choix rédactionnels des médias du conglomérat...

Gesca n'a pas à «utiliser» les pages de La Presse pour faire valoir son point de vue sur la transaction. En effet, comme le souligne M. Péladeau lui-même, l'entreprise a déposé un mémoire à cet effet au CRTC, mémoire qui est évidemment public.

Peu importe le mépris que me porte M. Péladeau, l'importance du débat justifierait qu'il réponde de façon substantielle à mes arguments, au lieu de recourir à une arme qui ne lui sied pas, puisque c'est celle des faibles.