En promettant une «nouvelle loi 101» dans les 100 premiers jours d'un gouvernement du Parti québécois, Pauline Marois, tel Don Quichotte, fonce sur des moulins à vent. Or, la préservation du français au Québec appelle aujourd'hui des approches fines, pas des charges de cavalerie.

Le Parti québécois interdirait aux francophones et aux allophones d'étudier au collégial en anglais. Il priverait ainsi de jeunes adultes d'un moyen de parfaire leur connaissance de l'anglais. Il brimerait leur liberté de choisir leur collège (ce qui en pousserait plusieurs à aller hors du Québec). Tout cela en raison de l'impression, erronée, que des milliers d'allophones instruits en français au secondaire font leur cours collégial en anglais pour, par la suite, intégrer la communauté anglophone.

En réalité, la proportion d'allophones sortant du secondaire français qui poursuivent leurs études en anglais au collégial est en baisse constante depuis 10 ans, selon la plus récente étude du Conseil supérieur de la langue française. Quant aux francophones, ils continuent de s'inscrire massivement (96%) dans les cégeps de langue française.

Sous un gouvernement péquiste, la Charte de la langue française serait aussi étendue à l'éducation aux adultes et à la formation professionnelle. Ainsi, un décrocheur allophone ayant eu des difficultés à l'école secondaire en français se verrait fermer l'accès à une formation pour adultes en anglais. Bonne façon de lutter contre le décrochage...

La «nouvelle loi 101» du Parti québécois imposerait aux petites entreprises (11 à 49 employés) les mêmes obligations qu'aux plus grandes. Ces 54 000 compagnies devraient faire rapport à l'Office québécois de la langue française (OQLF) sur la situation linguistique dans leur établissement en vue d'obtenir un certificat de francisation. Certaines devraient mettre en place un programme de francisation.

Comme la précédente, cette proposition embrasse beaucoup trop large. Aujourd'hui, l'Office parvient tant bien que mal à suivre la situation du français dans les 5000 entreprises de la province comptant 50 employés et plus. Faudra-t-il décupler son personnel? Est-il vraiment utile d'exiger un certificat de francisation de milliers de petites entreprises alors que (selon une étude de l'OQLF) le français est la langue de travail unique ou principale dans la grande majorité (86%) d'entre elles?

S'il y a des problèmes dans des usines et commerces de la région de Montréal, on pourrait les aborder beaucoup plus simplement que par l'approche mur à mur mise de l'avant par le PQ. On devrait, notamment, permettre à l'Office d'avoir plus souvent recours à l'article 151 de la Charte, disposition qui lui permet d'intervenir au cas par cas dans des entreprises de 50 employés et moins.

Inquiets de la situation du français dans la province, plusieurs Québécois seront séduits par les solutions simplistes prônées par le PQ. Malheureusement, ces mesures entraîneraient beaucoup plus d'effets pervers que bénéfiques.