Les propos de la chef du Parti québécois paraissant cibler la corpulence du Dr Gaétan Barrette font beaucoup parler depuis samedi. Selon Pauline Marois, «un ministre de la Santé a le devoir d'être exemplaire» en matière de saines habitudes de vie, ce qui semblerait disqualifier M. Barrette, de son propre aveu «individu gourmand».

La suite de la déclaration n'a pas retenu l'attention; elle est pourtant bien plus révélatrice de la pensée de Mme Marois. «Comme pour moi, un ministre de l'Éducation a le devoir d'être exemplaire et d'envoyer ses enfants à l'école publique», a-t-elle dit.

Voyons ce que cela signifie. Un élu vient d'être nommé ministre de l'Éducation, poste qu'il occupera probablement pendant 2 ou 3 ans, tout au plus. Si son ou ses enfants fréquentent une école privée, devrait-il, pour être «exemplaire», les parachuter dans une école publique? Ou bien le fait d'envoyer ses enfants à l'école publique devrait-il être une condition à la nomination à ce poste? En quoi, dans l'esprit de la chef du PQ, avoir des enfants à l'école publique constitue-t-il un «exemple» ?

Le réseau privé existe au Québec depuis toujours. L'importance de sa contribution et le bien-fondé des subventions de l'État ont été reconnus par la commission Parent. Cette conclusion a été constamment confirmée par les gouvernements qui se sont succédé, y compris les gouvernements péquistes.

Aujourd'hui, 125 000 jeunes Québécois fréquentent un établissement primaire ou secondaire privé. Au secondaire, c'est le cas d'un élève sur cinq. Les écoles privées répondent donc, incontestablement, à un besoin.

Notons, au passage, que les jeunes sortant des collèges privés ont une conscience sociale tout aussi développée que les autres. La preuve en est que les trois leaders étudiants dont on a tant vanté les talents, le printemps dernier, en sont issus.

Les écoles privées constituent donc un rouage important de notre système d'éducation. Par conséquent, il n'y aucune raison de reprocher à un ministre de l'Éducation d'y envoyer ses enfants. À moins que Mme Marois ait voulu faire d'une pierre deux coups et attaquer François Legault en même temps que le Dr Barrette. En effet, il est connu qu'à l'époque le chef de la CAQ était ministre de l'Éducation, ses deux garçons fréquentaient le privé.

Les propos de Pauline Marois à ce sujet révèlent chez elle un égalitarisme exacerbé, qu'on a déjà vu à l'oeuvre alors qu'elle était elle-même responsable du portefeuille de l'Éducation. Avec d'autres déclarations qu'elle a faites dans le passé, celle-ci indique aussi une méfiance excessive à l'égard du secteur privé.