Depuis quelques jours, presque toutes les nouvelles économiques sur la planète sont mauvaises. Hier, le gouvernement américain a fait savoir que l'économie du pays avait créé seulement 80 000 emplois en juin, juste assez pour absorber la croissance de la population. Le taux de chômage reste donc au niveau anormalement élevé, pour les États-Unis, de 8,2%. Au Canada, le taux de chômage est resté essentiellement stable; dans le cas du Québec, ce taux reste à moins de 8%, ce qui est plutôt bas dans une perspective historique.

Ne nous berçons pas d'illusions: si jamais le monde replonge en récession, nous n'y échapperons pas. Et rien ne dit que le Canada s'en sortira mieux que les autres pays industrialisés, comme ce fut le cas en 2008-2009.

«Il ne faut pas se tromper: la crise actuelle est mondiale, a averti hier à Tokyo la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Dans le monde interconnecté d'aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous permettre de regarder seulement ce qui se passe à l'intérieur de nos frontières nationales. Cette crise ne se préoccupe pas des frontières. Cette crise frappe à nos portes.» Mme Lagarde a fait savoir que le Fonds publiera dans quelques jours des projections de croissance mondiale révisées à la baisse. «Et encore, a-t-elle souligné, ces nouvelles projections tiendront seulement si les bonnes politiques sont adoptées.»

Après le répit ayant suivi l'accord signé par les leaders européens il y a une semaine, les taux d'intérêt imposés à l'Espagne et à l'Italie ne sont remis à grimper. Signe d'une profonde inquiétude, les banques centrales de la zone euro, de l'Angleterre et de la Chine ont abaissé leurs taux dans l'espoir - vain, selon plusieurs économistes - de stimuler leurs économies. La décision des autorités chinoises confirme que dans l'Empire du Milieu comme dans d'autres économies émergentes, il y a un certain essoufflement. Par conséquent, ces pays pourraient ne pas contribuer autant à la relance qu'au cours des dernières années.

Cet essoufflement entraîne une diminution des prix des matières premières, notamment du pétrole et de plusieurs métaux. Si cette baisse se poursuit, le Canada (dont le secteur minier québécois) en souffrira évidemment les conséquences.

En cas de ralentissement économique ici, il sera plus difficile pour les gouvernements fédéral et provinciaux de lancer d'imposants programmes de travaux publics. La situation budgétaire de certains d'entre eux ne le permet pas. De plus, il y a des limites aux infrastructures utiles qu'on peut construire.

Le Québec sera vraisemblablement en campagne électorale dans quelques semaines. À droite comme à gauche, les partis promettront mer et monde. Les électeurs doivent exiger plus de rigueur. Chaque formation devrait présenter un plan crédible visant à permettre à la province de résister le mieux possible aux turbulences prochaines et d'en sortir prête à tirer son épingle du jeu économique mondial.