Inquiets pour la sécurité des jeunes qui participent à la grève étudiante, des parents ont eu l'idée originale de lancer le mouvement du «carré blanc». Il ne s'agit pas, disent-ils, de prendre parti pour ou contre la hausse des droits de scolarité, mais de réclamer un «armistice».

Inquiets pour la sécurité des jeunes qui participent à la grève étudiante, des parents ont eu l'idée originale de lancer le mouvement du «carré blanc». Il ne s'agit pas, disent-ils, de prendre parti pour ou contre la hausse des droits de scolarité, mais de réclamer un «armistice».

Nous partageons évidemment l'inquiétude de ces parents et saluons leur initiative. Malheureusement, nous ne pouvons être d'accord avec la solution qu'ils mettent de l'avant.

Le carré blanc n'est pas «le drapeau de la reddition», affirme la déclaration du groupe. Pourtant, ils proposent un moratoire sur l'augmentation des droits de scolarité; qu'est-ce donc que ce moratoire sinon la capitulation pure et simple du gouvernement?

Ce temps d'arrêt, aux yeux de plusieurs, permettrait de diminuer la tension, puis de tenir à l'automne une vaste consultation sur le financement des universités. Émergerait ensuite, comme par miracle, un consensus. Or, des années de débat l'ont prouvé, il n'y a pas de consensus possible sur cette question. Ou bien les droits sont gelés ou quasi gelés (indexés), ou bien ils sont augmentés. Moratoire ou pas, l'impasse subsistera.

Pourquoi le premier ministre capitulerait-il? Si vive soit la colère des étudiants, le gouvernement n'a pas à plier si la majorité des Québécois appuie sa politique, ce qui est le cas ici. Comme l'écrivait récemment le politologue Éric Montpetit, «si tous ont le droit d'être entendus, tous ne peuvent être écoutés».

«Il n'y a pas d'urgence pour la question des droits de scolarité, mais il y a une urgence pour sauver la vie de nos jeunes», disait hier l'un des parents à l'origine du carré blanc, Robert Michaud. Or, ce n'est pas le gouvernement qui met la vie des étudiants en danger. Si des jeunes sont blessés, c'est parce que des casseurs s'infiltrent dans les manifestations; c'est parce que les organisateurs de certains événements favorisent l'action de ces casseurs; c'est parce que des militants radicaux commettent des actes dangereux. En décrétant un moratoire, le gouvernement céderait à cette violence et privilégierait les intérêts d'une minorité aux dépens de ceux de la majorité.

La sortie de crise passe par des négociations discrètes entre la ministre Beauchamp et les associations étudiantes modérées visant à bonifier l'entente de principe conclue la fin de semaine dernière. Certes, le succès d'une telle démarche n'est pas garanti. La grève pourrait se poursuivre jusqu'à l'été. Que faire, alors, pour prévenir la violence?

La responsabilité est collective. Tous, notamment les étudiants et les syndicats qui les appuient, doivent chercher à limiter l'action des casseurs et des radicaux, entre autres en collaborant davantage avec la police. Les personnes ayant aidé les policiers à identifier les suspects du métro ont donné l'exemple.