Nous avons de la chance. Nous, c'est-à-dire les Québécois qui s'apprêtent à célébrer Noël en famille, à bien manger et bien boire, à donner et à recevoir des cadeaux. Tous n'ont pas une vie facile, bien sûr. Mais, dans la plupart des cas, nos problèmes ne sont pas assez lourds pour gâcher la fête.

Il y en a que le malheur vient de frapper de plein fouet. Ayons une pensée (sinon une prière) pour eux, souhaitons-leur que Noël soit un jour plus joyeux que cette année.

Pensons aux parents du petit Maxime Dion, 6 ans, disparu dans les eaux de la rivière Noire, en Montérégie, et dont le corps a été retrouvé hier. Pensons aux deux enfants de Diane Grégoire et de Paul Laplante, dont le père a été accusé la semaine dernière du meurtre de sa conjointe.

Pensons aux millions de catholiques des Philippines auxquels chaque Noël désormais rappellera la tragédie de décembre 2011. Il y a une semaine, le typhon Washi a balayé l'archipel, provoquant inondations et glissements de terrain. On compte plus de 1000 morts et autant de disparus. Des villages entiers ont été rasés. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur maison et tous leurs biens.

Pour une raison ou une autre, cette catastrophe naturelle n'a pas suscité beaucoup d'émoi chez nous. Pourtant, les organisations humanitaires ont lancé des appels à l'aide. Ceux qui veulent verser un don peuvent contacter, notamment, la Croix rouge (www.croixrouge.ca).

Noël sera triste aussi pour beaucoup de chrétiens habitant le Moyen-Orient. Le Printemps arabe, auquel plusieurs d'entre eux ont participé avec espoir, porte aujourd'hui des fruits empoisonnés. À mesure que les régimes autoritaires laïques sont remplacés par des régimes islamistes, les minorités chrétiennes deviennent la cible de violences et de discrimination. En Irak, les chrétiens n'iront pas à la messe de minuit; pour des raisons de sécurité, les célébrations auront lieu le jour, sous forte garde. En Égypte, cet automne, un jeune copte de 17 ans a été battu à mort par des camarades de classe et son professeur parce qu'il refusait de cacher une croix tatouée sur son poignet. À Alexandrie, à la sortie de la messe du Nouvel An 2011, une vingtaine de chrétiens avaient été tués lorsqu'une voiture piégée a sauté devant l'église.

Au Québec, la religion ne veut plus dire grand-chose, sauf quand il s'agit de dénoncer les accommodements, raisonnables ou non. Nous oublions trop facilement que des gens meurent parce qu'ils croient qu'un homme appelé Jésus est né à Bethléem et qu'il était le fils de Dieu.

Nous avons la chance de vivre dans une société privilégiée où l'on peut penser, croire et s'exprimer librement. Une société dont le principal problème, ces jours-ci, tourne autour de l'embauche de l'entraîneur d'une équipe de hockey.

Profitons donc pleinement de ce Noël que nous avons la chance d'avoir joyeux.