Réunis à Cannes, les dirigeants des 20 principales économies du monde ont échoué dans ce qui était leur principale tâche: rétablir la confiance quant à la capacité de la zone euro et de ses partenaires à surmonter la crise de la dette souveraine.

Étant donné la complexité de la conjoncture économique et politique, l'objectif était déjà difficile à atteindre. Par le temps et les énergies qu'elle a gaspillés, la tragico-comédie grecque a rendu la réussite pratiquement impossible.

L'Union européenne reste incapable de mettre en place la politique massue susceptible de convaincre une fois pour toutes les marchés (en particulier les spéculateurs) qu'elle ne laissera tomber aucun de ses membres. C'est ce que devait faire le renforcement du Fonds européen de stabilité financière, annoncé la semaine dernière par les dirigeants européens. Le Fonds allait passer, selon des modalités à déterminer, de 440 milliards d'euros à 1000 milliards d'euros. Or, depuis, y compris au cours de cette rencontre du G20, l'Europe n'a trouvé aucun État disposé à prêter de l'argent au Fonds pour augmenter sa puissance de feu. «Pourquoi investirais-je directement dans le Fonds européen? Les Européens eux-mêmes ne le font pas», a laissé tomber la présidente du Brésil, Dilma Rousseff.

Les chefs de gouvernement se sont entendus pour augmenter les moyens du FMI, qui à son tour pourrait venir en aide à des pays européens en difficulté. Une façon de faire indirectement ce qu'ils ne veulent pas faire directement ? Ils s'en sont défendus. De toute façon, les modalités de ces nouvelles contributions au FMI n'ont pas non plus été définies.

Pendant ce temps, les signaux d'alarme se multiplient. Il y a bien eu, aux États-Unis, une modeste création de 80 000 emplois en octobre, qui confirme la tendance d'une lente reprise chez nos voisins. Par contre, le dernier mois a été très mauvais au Canada: une perte nette de 54 000 emplois. Au début de la semaine, on apprenait que le taux de chômage dans les 27 pays de l'Union européenne (UE) se situe maintenant à 10,2%. Le cas de l'Espagne est particulièrement dramatique (22,6%). La situation est grave également en Grèce (17,6%), en Irlande (14,2%), en Slovaquie (13,5%) et au Portugal (12,5%). Même en France, le taux de chômage frise les 10%.

Conscients de cette situation, les dirigeants du G20 ont adopté à Cannes un Plan d'action pour la croissance et l'emploi. Toutefois, plan ou pas, tant que l'inquiétude prédominera, le risque d'une nouvelle récession demeurera élevé.

Aux journalistes qui lui faisaient remarquer hier que l'UE mettait décidément beaucoup de temps à régler la crise de la dette, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a répliqué: «Nous courons un marathon, pas un sprint!» En effet. Et non seulement reste-t-il plusieurs kilomètres d'ici au fil d'arrivée, mais le parcours sera sans doute jonché d'obstacles.