L'ordinateur personnel et l'internet ont révolutionné la vie de l'Homme au cours des 20 dernières années. Un homme a joué un rôle clé dans cette révolution: Steve Jobs, qui s'est éteint hier à l'âge de 56 ans.

Ironiquement, M. Jobs est mort le lendemain de la présentation par son successeur, Tim Cook, de l'iPhone 4S. L'appareil a déçu les critiques, de même que la présentation de M. Cook, qui n'a évidemment pas le charisme légendaire du cofondateur d'Apple.

Bien d'autres que lui ont fait avancer les codes, les circuits et les processeurs. Steve Jobs n'était pas un génie de l'électronique ni de la gestion. Non. Jobs, c'était l'instinct de ce qui allait plaire. Le souci maniaque de la perfection, l'instinct du design et du marketing. Le petit côté rebelle qu'affectionne une certaine bourgeoisie nord-américaine, le combat contre IBM et Microsoft.

C'est ce qui l'a fait sauter sur la souris, dont Xerox, où elle avait d'abord été conçue, n'avait pas compris l'extraordinaire potentiel.

Jobs était un génie, mais comme bien des génies, il n'était pas facile à vivre. En 1985, il fut expulsé d'Apple à la suite d'un désaccord avec la direction de l'entreprise qu'il avait lui-même créée. Il disparaît de la circulation pendant quelque temps. Puis, il achète la division de films d'animation de Lucas Films, qui devient Pixar. L'entreprise produit Toy Story, un succès monstre.

Les années 90 appartiennent à Microsoft, au système d'exploitation Windows et à Bill Gates. Si bien qu'en 1997, Apple, en grave difficulté, se résigne à appeler Steve Jobs à la rescousse. Ses premières démarches portent sur le design des ordinateurs personnels, les iMac. Intéressant, mais pour les mordus.

Le meilleur est à venir. Avec le magasin iTunes et l'iPod, Jobs révolutionne l'industrie de la musique. Tout le monde pense qu'il se trompe, que jamais les consommateurs n'accepteront de payer 99 cents pour télécharger une pièce de leur groupe préféré. C'est lui qui a raison.

Puis vient l'iPhone. Non seulement c'est un téléphone, c'est un objet élégant, c'est un appareil photo, c'est un iPod, c'est un téléviseur, c'est un jouet.

Et enfin, l'iPad, qui est en train de révolutionner le monde des médias.

Depuis sa démission de la direction d'Apple en août dernier, on savait que Steve Jobs n'en avait plus pour très longtemps, que le cancer qu'il combattait depuis 2004 allait finir par avoir raison de lui.

Jobs n'était évidemment pas un homme parfait. Il avait un souci maniaque de son image. Il était exigeant, parfois cruel avec son entourage. Sa vie privée, pour peu qu'on la connaisse, était plutôt rocambolesque.

Néanmoins, on ne peut qu'admirer le legs extraordinaire que Steve Jobs laisse à nos sociétés. Et il est difficile de croire qu'Apple pourra rester Apple sans lui pour la pousser à l'extrême, à l'imagination.