L'économie mondiale est menacée par deux crises que les gouvernements concernés semblent incapables de résoudre. Cette absence de solution pourrait plonger le monde dans une deuxième récession en moins de trois ans, celle-là encore plus grave que la première.

Le premier blocage se trouve à Washington. Alors que l'économie américaine reste très mal en point et que la dette du gouvernement fédéral ne cesse de croître, les républicains empêchent toute action gouvernementale, les yeux rivés sur l'élection présidentielle de 2012.

Hier, le président Obama a dévoilé un plan de compressions budgétaires et de hausses d'impôts qui permettrait de financer son projet de loi sur l'emploi, déposé au Congrès il y a 10 jours. La Maison-Blanche souhaite notamment mettre en place une mesure suggérée par le milliardaire Warren Buffett. En vertu de cette «règle Buffett», les personnes gagnant plus d'un million par an ne pourraient plus profiter des avantages fiscaux qui leur permettent de payer relativement moins d'impôts que les contribuables de la classe moyenne. «C'est une question de justice», a dit le président. Ce plan fort sensé a été rejeté du revers de la main par les républicains.

Pendant ce temps, en Europe, les gouvernements et les institutions internationales cherchent désespérément un moyen d'éviter la faillite de la Grèce. Avant de verser à ce pays la prochaine tranche d'aide promise, ses partenaires exigent qu'Athènes adopte une nouvelle vague de compressions. Selon certaines informations, ils réclameraient notamment que le nombre d'employés de l'État soit réduit de 100 000 d'ici 2015. Les discussions tenues hier soir à ce sujet auraient été «productives et substantielles», selon le ministère grec des Finances.

N'empêche, de plus en plus d'observateurs croient que les membres de la zone euro devront se résigner à la banqueroute de la Grèce. Les conséquences d'un tel scénario, pour la Grèce mais aussi pour l'Union européenne, pourraient être catastrophiques. Les investisseurs y verraient la preuve de l'incapacité des Européens de soutenir les pays les plus fragiles de l'UE. Ces derniers se verraient forcer à emprunter à des taux très élevés, ce qui les entraînerait dans une spirale d'endettement dont ils auraient bien du mal à sortir.

Certains évoquent même une possible implosion de la zone euro, un scénario qui pourrait mener à la dislocation de l'Union européenne, «le fondement de la stabilité du continent depuis la Seconde Guerre mondiale», rappelle The Economist.

En quoi tout cela nous concerne-t-il? Les États-Unis et l'Europe achètent plus de 80% des produits exportés par le Canada. Si les crises américaine et européenne ne sont pas résolues bientôt, l'économie canadienne en souffrira certainement. Et rien ne dit que nous aurons la chance, encore cette fois-ci, de souffrir moins que les autres.