Les ministres fédéral et provinciaux de l'Énergie se sont entendus mardi dernier sur un plan d'action visant une plus grande collaboration dans ce domaine crucial pour l'avenir du Canada. Toutefois, l'encre des signatures n'était pas encore sèche que déjà, des divisions apparaissaient. Le Québec et l'Ontario ont déploré un passage du communiqué de presse selon lequel «les sables bitumineux de l'Alberta sont une source d'énergie fiable, durable et importante pour approvisionner la planète». Québec et Toronto ne considèrent pas le pétrole des sables bitumineux comme une ressource «durable». Ils ont raison.

La représentante du Québec, Nathalie Normandeau, a appuyé le projet de collaboration tout en soulignant qu'elle s'opposerait à toute tentative d'Ottawa de s'immiscer dans ce domaine de compétence provinciale. L'opposition péquiste, pour sa part, parle d'un «empiètement majeur dans les champs de compétence exclusive du Québec» et d'un «recul historique».

Restons calmes. La Constitution accorde en effet aux provinces la compétence exclusive sur l'exploration, l'exploitation et la gestion des ressources naturelles. Cette compétence provinciale a été renforcée par la Loi constitutionnelle de 1982, celle-là même que le PQ ne cesse de dénoncer.

Cela dit, le gouvernement du Canada a un rôle à jouer dans ce domaine, par exemple en ce qui a trait aux négociations internationales sur le commerce et les changements climatiques. L'idée que le fédéral et les provinces travaillent ensemble est donc parfaitement sensée.

Il est vrai que le communiqué de presse dépeint les sables bitumineux d'une façon quasi bucolique. On y raconte que certains ministres (Mme Normandeau n'était pas du nombre) ont visité une ancienne mine de sables bitumineux restaurée à l'état naturel. «Le site abrite plus de 300 bisons des bois», apprend-on. Le rédacteur du communiqué s'est visiblement laissé emporter...

Mais, bon, ce n'est qu'un communiqué de presse. Le plan d'action négocié par les ministres parle d'une collaboration «sur une base volontaire» dans des domaines comme les évaluations environnementales, l'efficacité énergétique, le commerce international, etc. Les parties s'y engagent à «respecter les pouvoirs constitutionnels». En outre, l'idée d'une stratégie pancanadienne a été mise de l'avant par l'Alberta, province qu'on ne peut soupçonner de souhaiter une intrusion du fédéral dans ses affaires, surtout dans le domaine de l'énergie.

À moins d'être paranoïaque, on ne trouve absolument rien dans le plan d'action qui pourrait éventuellement forcer le gouvernement du Québec à suivre une autre stratégie énergétique que celle dont il s'est déjà doté. Au pire, les discussions entre les provinces et le fédéral ne produiront rien de concret. Au mieux, elles leur permettront de collaborer sur des projets d'intérêt commun et de tirer des leçons utiles de l'expérience de leurs voisines.

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