Après quelques rebondissements, les députés de l'Assemblée nationale ont décidé de permettre le dépôt d'un projet de loi qui mettrait à l'abri de toute contestation judiciaire l'entente conclue entre la Ville de Québec et le groupe Quebecor sur le nouveau Colisée. Le projet de loi sera donc déposé la semaine prochaine par la députée péquiste Agnès Maltais. Il sera étudié en commission parlementaire où les députés pourront entendre des témoins.

Après quelques rebondissements, les députés de l'Assemblée nationale ont décidé de permettre le dépôt d'un projet de loi qui mettrait à l'abri de toute contestation judiciaire l'entente conclue entre la Ville de Québec et le groupe Quebecor sur le nouveau Colisée. Le projet de loi sera donc déposé la semaine prochaine par la députée péquiste Agnès Maltais. Il sera étudié en commission parlementaire où les députés pourront entendre des témoins.

Le fait que la question puisse être discutée par les élus est une excellente chose. Cependant, il aurait été de loin préférable qu'une commission parlementaire se penche sur le fond du dossier plutôt que sur le projet de loi de Mme Maltais. Les débats risquent en effet de porter surtout sur les aspects juridiques de l'affaire alors que le problème est ailleurs: l'absence d'appel d'offres, l'opportunité pour le gouvernement du Québec de contribuer 200 millions à la construction d'un tel édifice, le partage des coûts et des risques entre le secteur public et Quebecor.

Malheureusement, la compétition féroce que se livrent les différents partis dans la région de Québec amène ceux-ci à sacrifier autant leurs principes que leur cohérence. Sauf circonstances exceptionnelles, l'Assemblée nationale ne devrait jamais priver les citoyens de leur droit de s'adresser aux tribunaux. C'est ce qu'ont rappelé le Barreau du Québec, le Protecteur du citoyen et la Commission des droits de la personne lorsque le gouvernement Charest a déposé, en 2006, un projet de loi visant à protéger d'éventuelles poursuites les amateurs de véhicules hors route. À l'époque, le Parti québécois avait qualifié ce projet de loi d'«inique, abusif et excessif». Comment ce même parti peut-il aujourd'hui proposer une mesure tout aussi abusive? Circonstances exceptionnelles? Désolé, l'impatience du maire de Québec et les désirs de MM. Bettman et Péladeau ne justifient pas qu'on prive les citoyens d'un droit fondamental. Le député de Québec Solidaire, Amir Khadir, le plus éloquent des députés dans ce dossier, avait raison de s'étonner de l'attitude du PQ: «Ça fait deux ans qu'on crie sur tous les toits que les contrats publics doivent être transparents. Pourquoi une loi spéciale pour le cacher, pour aller rapidement, pour empêcher que ça soit contesté?»

De son côté, le gouvernement libéral fait preuve depuis le début de cette affaire d'une incroyable légèreté. Il est insensé de garantir une contribution de 200 millions à un projet dont la contribution à l'intérêt public est si incertaine.

Le maire de Québec s'est réjoui du fait qu'il pourra «vider la question» en commission parlementaire. Sauf que «vider la question» ne signifie pas seulement laisser le maire Labeaume faire son spectacle. Les députés doivent vraiment aller au fond des choses et ne pas se laisser distraire par le projet de loi Maltais, projet de loi qui ne doit en aucun cas être adopté.