On se demandait si, à la tête d'un gouvernement majoritaire, Stephen Harper gouvernerait de façon moins sournoise. Les premiers signes sont inquiétants. Hier, le bureau du premier ministre a attendu que le point de presse soit terminé pour faire une annonce choquante: trois candidats défaits aux élections d'il y a deux semaines ont été nommés au Sénat. Parmi eux, les Québécois Larry Smith et Josée Verner. M. Harper n'a, de toute évidence, pas perdu son mépris pour les médias.

On se demandait si, à la tête d'un gouvernement majoritaire, Stephen Harper gouvernerait de façon moins sournoise. Les premiers signes sont inquiétants. Hier, le bureau du premier ministre a attendu que le point de presse soit terminé pour faire une annonce choquante: trois candidats défaits aux élections d'il y a deux semaines ont été nommés au Sénat. Parmi eux, les Québécois Larry Smith et Josée Verner. M. Harper n'a, de toute évidence, pas perdu son mépris pour les médias.

Il y a dans ces nominations et dans le refus de s'en expliquer une indifférence déplorable à l'égard de la démocratie, indifférence à laquelle nous ont malheureusement habitués les conservateurs. Cela dit, M. Harper pourra à bon droit rappeler qu'il a tenté de réformer le Sénat lorsqu'il était minoritaire. La majorité obtenue le 2 mai et celle dont il disposera désormais à la chambre haute lui permettront de faire adopter ses projets de démocratisation du Sénat.

Le nouveau cabinet formé par le premier ministre s'inscrit sous le signe de la continuité. Trop. S'il y a deux domaines où les politiques conservatrices ont mécontenté les Canadiens, notamment au Québec, ce sont l'environnement et les relations internationales. Or, dans le premier cas, M. Harper a gardé en place Peter Kent, dont la performance n'a rien eu de reluisant. Pour le portefeuille des Affaires étrangères, le premier ministre a choisi John Baird, souvent décrit comme un «pitbull partisan». M. Baird a-t-il un «côté givré» qu'il ne nous a pas encore montré? En point de presse, le député d'Ottawa a dit vouloir mener une politique internationale «fondée sur des principes». Traduisons: une politique étrangère étroitement idéologique.

Douze ministres conservent leurs anciennes fonctions, dont Jim Flaherty, aux Finances. M. Flaherty s'y est montré compétent. Tony Clement, au Conseil du Trésor, a la couenne assez dure pour résister au mécontentement de ses collègues auxquels il imposera les 11 milliards de compressions promis en campagne électorale.

Les Québécois ayant élu seulement cinq députés bleus, le premier ministre a fait de son mieux pour assurer une certaine influence au Québec au gouvernement. Christian Paradis hérite de l'important ministère de l'Industrie, Denis Lebel de celui des Transports. Ce dernier devra notamment convaincre ses collègues de l'urgence d'agir dans le dossier du pont Champlain.

Maxime Bernier revient au cabinet par la petite porte d'un ministère d'État; comme nous, le premier ministre semble entretenir des doutes sur la capacité du député de Beauce d'assumer des responsabilités importantes.

La journée d'hier a montré que, pour le meilleur et pour le pire, Stephen Harper persiste et signe. Si la majorité doit l'adoucir, la transformation n'a pas encore commencé.