Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a commencé sa campagne en lion en fin de semaine, réussissant dès son premier point de presse à mettre Stephen Harper dans l'embarras. M. Duceppe a dénoncé, avec raison, le discours du premier ministre sortant au sujet de la coalition que pourraient former les partis formant l'opposition au lendemain du 2 mai. M. Harper ayant lui-même envisagé de former une telle coalition en 2004, son hypocrisie dans ce dossier saute aux yeux.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a commencé sa campagne en lion en fin de semaine, réussissant dès son premier point de presse à mettre Stephen Harper dans l'embarras. M. Duceppe a dénoncé, avec raison, le discours du premier ministre sortant au sujet de la coalition que pourraient former les partis formant l'opposition au lendemain du 2 mai. M. Harper ayant lui-même envisagé de former une telle coalition en 2004, son hypocrisie dans ce dossier saute aux yeux.

Les commentateurs politiques ont moins porté attention aux autres déclarations de M. Duceppe. Celui-ci s'exprime avec une telle assurance que ses propos, dont certains sont d'un illogisme flagrant, passent comme du beurre dans la poêle. Ainsi, le chef bloquiste a évoqué en termes apocalyptiques le danger que représenterait une majorité conservatrice. «Si cela arrivait, les conservateurs n'auront plus aucune retenue, a-t-il dit samedi. Ils seront libres d'imposer, sans frein, des politiques idéologiques contraires à nos intérêts et à nos valeurs. Il y a là une véritable menace pour le Québec.» Si un gouvernement conservateur majoritaire est si dangereux pour le Québec, pourquoi diable avoir défait le gouvernement minoritaire de M. Harper? La stratégie la plus efficace pour que les conservateurs ne deviennent pas majoritaires, c'était de laisser en place leur gouvernement minoritaire.

Le second volet de la thèse bloquiste, c'est que «le seul parti capable de barrer la route au Parti conservateur, c'est le Bloc québécois». Il n'en est rien. Si un gouvernement conservateur signifie «la négation complète de ce que nous sommes, nous, les Québécois», comme le prétend le chef du Bloc, il vaut mieux pour les Québécois que les conservateurs ne soient pas reportés au pouvoir du tout, minoritaires ou majoritaires. Or, en votant pour le Bloc, les Québécois privent de leur appui les partis fédéraux qui, eux, seraient susceptibles de déloger les conservateurs. On l'a vu en 2008: déçus des conservateurs, les Québécois ont élu une majorité de députés du Bloc... et Stephen Harper a été reporté au pouvoir. Le chef libéral, Michael Ignatieff, a bien résumé la situation hier: «Ce n'est pas le temps d'envoyer un message à M. Harper. Ce n'est pas le temps de le freiner ou de le limiter. C'est le temps de le remplacer.»

M. Duceppe insiste sur le fait que, lorsqu'ils se retrouvent en minorité en Chambre, les partis fédéralistes «viennent tous me voir». Soit. Mais qu'arrivera-t-il à l'influence du Bloc si les conservateurs forment un gouvernement majoritaire avec seulement quatre ou cinq députés au Québec? Le Québec se retrouvera avec une influence minimale à Ottawa, ce qui n'est dans l'intérêt ni du Québec ni du reste du Canada.

Les seuls gagnants d'un tel scénario seront les indépendantistes. N'est-ce pas l'espoir qui sous-tend la logique tordue du Bloc?

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Le blogue de l'édito

Le spectre de la coalition