Au Québec, l'année 2010 se sera déroulée sous le signe de la morosité. Pourtant, objectivement, nous sommes privilégiés. De toutes les régions du monde, le Canada, notamment le Québec, a été l'un des endroits les moins durement affectés par la récession de 2008-2009. La plupart d'entre nous avons la chance de vivre dans des conditions relativement confortables. Le Québec est un lieu sûr, d'une richesse culturelle exceptionnelle, où il fait bon vivre. Néanmoins, la population a perdu toute confiance en ses gouvernants. Elle se méfie de l'entreprise privée, est sceptique quant à la neutralité du système judiciaire, s'inquiète des agissements de certains leaders syndicaux.

Le comportement de la classe politique a grandement contribué à l'évolution de ce cancer. D'abord par son laisser-aller éthique, qui a mené au cours des dernières années à l'éclatement de scandales éclaboussant tous les élus. Ensuite par le ton hargneux des débats, à l'Assemblée nationale et à la Chambre des communes. L'industrie de la construction a pour sa part fait beaucoup de tort à la crédibilité du secteur privé par la multiplication de pratiques douteuses.

Le glissement d'une société vers la méfiance collective est nécessairement nocif. C'est surtout le cas pour une petite nation appelée à se battre, avec la contribution de tous, pour préserver sa prospérité et sa culture distincte.

Les Québécois doivent relever leurs manches et prendre la résolution de vaincre le climat de morosité qui règne dans la province. Que l'année 2011 soit, pour le Québec, une période de renouveau, de sérénité, d'ambition et de projets collectifs. Au nom du président et éditeur, Guy Crevier, et de toute la direction de La Presse, je vous souhaite une bonne année.