Parmi tout ce qui s'est dit au cours des derniers jours au sujet de la stratégie du Parti québécois, le discours prononcé vendredi soir par Joseph Facal se démarque par sa lucidité. Il a fallu une bonne dose de courage à ce souverainiste convaincu pour dire, à la tribune de la revue indépendantiste L'Action nationale, que la souveraineté n'est pas pour demain.

Parmi tout ce qui s'est dit au cours des derniers jours au sujet de la stratégie du Parti québécois, le discours prononcé vendredi soir par Joseph Facal se démarque par sa lucidité. Il a fallu une bonne dose de courage à ce souverainiste convaincu pour dire, à la tribune de la revue indépendantiste L'Action nationale, que la souveraineté n'est pas pour demain.

M. Facal constate qu'«une majorité franche, stable et résolue en faveur de la souveraineté ne semble pas à la veille de se constituer». L'ancien ministre n'est pas de ceux qui se contenteraient d'un OUI obtenu à la faveur d'une crise passagère. Il sait qu'un tel résultat rendrait encore plus problématique la réussite de la démarche. C'est pourquoi il estime que le Parti québécois doit faire savoir qu'il ne tiendra pas de référendum au cours de son prochain mandat: «La décision de quitter ou non le Canada est une décision solennelle et grave. À mon avis, on ne saurait tirer profit d'un climat enfiévré pour tenir un référendum, à la va-vite, sans que les gens se soient exprimés sur sa tenue lors de l'élection antérieure.»

Pourquoi l'option souverainiste fait-elle du surplace? Selon Joseph Facal, aujourd'hui professeur à HEC Montréal, le peuple québécois «a perdu le goût d'avancer, perdu confiance dans ses élites, peut-être même perdu un peu confiance en lui». Il reproche à ses concitoyens de craindre le travail, la responsabilité, l'abnégation qu'exigerait l'indépendance. «La vie moderne anesthésie l'audace et le courage», déplore-t-il.

Nous ne partageons pas cette thèse. Les Québécois ne manquent pas d'audace ou de courage quand il s'agit de faire des affaires partout dans le monde, de projeter leur culture sur tous les continents, de venir en aide aux plus démunis dans les pays en développement, d'être des pionniers dans divers domaines scientifiques. Les Québécois sont audacieux, mais pas téméraires. Ils savent qu'en prenant le risque de l'indépendance, ils auraient beaucoup à perdre tandis que les gains potentiels sont aujourd'hui plus insaissisables que jamais.

Joseph Facal espère qu'en utlisant «les pouvoirs non négligeables dont le Québec dispose déjà pour enregistrer des succès collectifs tangibles dans les domaines qui préoccupent le plus nos concitoyens», les souverainistes donneront aux Québécois le goût de l'indépendance. Qui sait?

Nous retenons que l'ancien ministre propose de s'attaquer de toute urgence aux problèmes concrets menaçant l'avenir du Québec: santé, éducation, dette, dépendance des transferts fédéraux, etc. C'est l'approche que prônera François Legault. Compte tenu de la similitude de leurs points de vue, une alliance entre ces deux ex-collègues serait naturelle. En tout cas, le Québec a tout à gagner à ce que Joseph Facal, homme lucide et courageux, revienne un jour à la politique active.