L'opposition et plusieurs commentateurs ont critiqué l'attitude du gouvernement Harper depuis que le navire MV Sun Sea est apparu au large des côtes de la Colombie-Britannique. Notre collègue Agnès Gruda a dénoncé avec raison «l'inflation verbale et la démagogie» auxquelles se sont livrés les conservateurs, en particulier le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

L'opposition et plusieurs commentateurs ont critiqué l'attitude du gouvernement Harper depuis que le navire MV Sun Sea est apparu au large des côtes de la Colombie-Britannique. Notre collègue Agnès Gruda a dénoncé avec raison «l'inflation verbale et la démagogie» auxquelles se sont livrés les conservateurs, en particulier le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

Il est d'ailleurs révélateur que le premier ministre ait choisi M. Toews comme porte-parole dans ce dossier plutôt que son ministre de l'Immigration, Jason Kenney, de qui relève la sélection des réfugiés. Le gouvernement voulait de toute évidence mettre de l'avant le volet sécurité plutôt que le côté humanitaire de l'affaire. D'où l'insistance de M. Toews sur la présence de terroristes à bord du navire et sur le «crime odieux» que constitue l'immigration clandestine.

À notre connaissance, aucun représentant du gouvernement n'a exprimé de compassion pour les principales victimes de cette contrebande humaine, c'est-à-dire les personnes qui se trouvaient à bord du MV Sun Sea. Heureusement, cette approche bête s'est limitée aux paroles des politiciens. Selon les informations disponibles, les passagers tamouls sont bien traités depuis leur arrivée. Il ne faudrait pas que la vision simpliste du gouvernement se traduise par un durcissement d'attitude des fonctionnaires à l'endroit de ceux qui sont d'authentiques réfugiés, sans doute la grande majorité.

Cela dit, évitons de glisser de la compassion à la naïveté. Il est fort possible qu'il se trouve parmi les passagers du MV Sun Sea des membres des Tigres tamouls. Compte tenu des liens que ceux-ci entretiennent depuis longtemps avec leurs sympathisants au Canada, les autorités ne peuvent pas prendre cette éventualité à la légère.

Le périple des Tamouls a très probablement été organisé par une organisation criminelle. Le gouvernement Harper a raison de faire savoir qu'il ne tolérera pas ce genre de trafic. Ce n'est pas parce que les vrais réfugiés doivent être accueillis à bras ouverts qu'il faut inviter dans nos ports tous les rafiots affrétés par des passeurs. Si le Canada ne veut pas en venir à des mesures draconiennes à l'australienne, il doit agir rapidement et fermement. Il n'y a rien de mal à envisager des modifications législatives pourvu qu'elles respectent la Charte canadienne des droits et libertés et nos obligations internationales.

Ottawa devrait donc faire preuve dans ce dossier d'intelligence, de réalisme et de modération. Le gouvernement Harper vient à nouveau de démontrer son incapacité à adopter une telle approche, pourtant caractéristique de la politique étrangère canadienne.