À la toute fin d'une entrevue accordée mercredi au réseau ABC, Benjamin Nétanyahou a lancé à l'animateur, au sujet d'éventuelles négociations entre Israël et les Palestiniens: «Ne soyez pas sceptique! Nous pouvons accomplir des miracles!»

À la toute fin d'une entrevue accordée mercredi au réseau ABC, Benjamin Nétanyahou a lancé à l'animateur, au sujet d'éventuelles négociations entre Israël et les Palestiniens: «Ne soyez pas sceptique! Nous pouvons accomplir des miracles!»

Au cours de sa visite à Washington cette semaine, le premier ministre israélien a laissé tomber son attitude habituelle de faucon pour insister sur sa volonté et sur la possibilité de conclure une entente avec l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. «Nous voulons que le président Abbas saisisse ma main, entre avec moi dans une pièce, s'assoit et négocie un accord de paix définitif», a dit M. Nétayiahou. Il a promis, sans toutefois donner de précisions, des «gestes concrets dans les prochains jours et dans les prochaines semaines» visant à faciliter la tenue de pourparlers de paix.

Que penser de ce ton conciliant du leader de la droite israélienne, lui qui il y a peu de temps encore était hostile au processus de paix et à la solution dite «des deux États»? S'agit-il du prix qu'il a consenti à payer en retour d'une normalisation des relations entre son gouvernement et celui de Barack Obama, relations tendues à la suite de décisions malencontreuses de son administration? M. Nétanyahou est-il sincère, ou cherche-t-il seulement à réparer les dommages considérables causés à l'image d'Israël à la suite du raid meurtrier mené contre un navire d'activistes turcs? Quoi qu'on pense du virage apparent de Benjamin Nétanyahou, M. Abbas ne devrait-il pas saisir cette branche d'olivier?

Reconnaissons que les deux leaders sont tous les deux confrontés à un contexte politique interne extrêmement difficile. En Israël comme en Palestine se trouvent de très nombreuses personnes qui ne veulent rien savoir de négociations, encore moins des compromis nécessaires à la conclusion d'un traité de paix. Dans ce contexte, chaque partie peut être tentée d'exiger de l'autre une concession significative comme condition préalable à l'amorce des pourparlers. Cette stratégie ne fait que retarder la tenue de discussions face à face sans lesquelles il n'y aura jamais de paix au Proche-Orient. Comme le disait hier au New York Times le rabbin pacifiste Rabbi Ascherman, «à long terme, Juifs et Palestiniens sont condamnés à vivre ici ensemble. Ou à mourir ici ensemble».

Compte tenu de l'histoire de la région, des nombreux espoirs déçus, l'optimisme soudain du premier ministre israélien paraît bien louche. Il ne faudra, en effet, rien de moins que des miracles pour qu'un jour Israéliens et Palestiniens arrivent à un accord global. Néanmoins, il faut croire que de tels miracles sont possibles. Sinon, on laisse tomber la paix. On laisse triompher la guerre.