Le 3 juin dernier, à 200 kilomètres de Pittsburgh, un puits de gaz naturel a fait éruption, projetant dans les airs du gaz et 130 000 litres de boues de forage. Il a fallu 16 heures pour maîtriser l'éruption. Selon le ministère de l'Environnement de Pennsylvanie, «cet incident aurait pu avoir des conséquences catastrophiques pour les personnes et les propriétés».

Le 3 juin dernier, à 200 kilomètres de Pittsburgh, un puits de gaz naturel a fait éruption, projetant dans les airs du gaz et 130 000 litres de boues de forage. Il a fallu 16 heures pour maîtriser l'éruption. Selon le ministère de l'Environnement de Pennsylvanie, «cet incident aurait pu avoir des conséquences catastrophiques pour les personnes et les propriétés».

L'accident vient rappeler que même lorsque le forage ne se fait pas en eau profonde, la recherche d'hydrocarbures n'est jamais sans risques. Les Québécois doivent garder cela à l'esprit au moment où le gouvernement Charest leur propose de prendre un virage radical en faveur de l'exploitation d'importants réservoirs de gaz naturel découverts entre Montréal et Québec.

Le gaz de ces réservoirs est désormais accessible grâce aux techniques de fracturation des formations rocheuses (les schistes) et de forage horizontal. La mise au point de ces techniques est à l'origine d'une véritable ruée vers les gaz de schiste aux États-Unis et au Canada.

Plusieurs entreprises ont foré des puits d'exploration au Québec et poussent le gouvernement à ouvrir la porte toute grande à l'exploitation. Le gouvernement du Québec est lui-même enthousiaste. «C'est un rendez-vous économique que le Québec ne peut pas manquer», a dit à La Presse la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

Il ne fait pas de doute que cette nouvelle filière est extrêmement prometteuse. Cependant, il faut faire les choses correctement, surtout quand on se targue d'être un champion vert. Mme Normandeau et l'industrie sont convaincus que l'exploitation du gaz de schiste ne présente à peu près aucun risque environnemental. Il n'y a pourtant aucune certitude à cet égard.

Aux États-Unis, on rapporte quelques incidents inquiétants, dont au moins un cas de contamination de la nappe phréatique. Comme il n'y a pas eu d'étude systématique de l'impact des nouvelles techniques d'exploration sur l'environnement, l'Environmental Protection Agency vient de s'atteler à la tâche. Au Canada, l'Office national de l'énergie souligne qu'«il est encore trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit au sujet des effets de l'exploitation de cette ressource sur l'environnement».

Nathalie Normandeau promet pour l'automne un projet de loi encadrant strictement les activités de l'industrie gazière. Elle jure que tout se fera dans la transparence et dans le respect des populations locales. Le meilleur moyen d'être transparent, nous semble-t-il, serait de confier au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement le mandat de faire le tour de la question, dans les plus brefs délais. L'industrie ne verrait pas la chose d'un bon oeil et menacerait d'aller voir ailleurs. Pourtant, à défaut d'une évaluation rigoureuse et crédible, la population risque de se braquer contre le virage gazier. L'industrie ne sera pas davantage avancée. Le Québec non plus.