La chancelière Angela Merkel a prononcé un discours au ton dramatique hier au parlement allemand. «L'euro est en danger, a-t-elle déclaré. Si nous ne parons pas ce danger, les conséquences pour l'Europe sont incalculables et les conséquences au-delà de l'Europe sont incalculables. Si l'euro échoue, l'Europe échoue.»

La chancelière Angela Merkel a prononcé un discours au ton dramatique hier au parlement allemand. «L'euro est en danger, a-t-elle déclaré. Si nous ne parons pas ce danger, les conséquences pour l'Europe sont incalculables et les conséquences au-delà de l'Europe sont incalculables. Si l'euro échoue, l'Europe échoue.»

Quoi qu'on pense de l'attitude de Mme Merkel depuis le début de la crise grecque, on doit lui donner raison sur ce point: les Européens doivent sauver l'euro car s'ils ne le font pas, le projet européen subira un grave recul. Du point de vue politique autant qu'économique, le monde ne peut pas se permettre que l'Union européenne soit à ce point affaiblie.

Mardi, Berlin a annoncé l'interdiction sur son territoire des ventes à découvert dites «à nu» sur les emprunts gouvernementaux de la zone euro. Ces transactions sont prisées par les spéculateurs qui, selon les Allemands, sont les grands responsables de la crise actuelle. L'annonce a été mal accueillie par les marchés. Les spéculateurs eux-mêmes étaient évidemment furieux, mais ils n'étaient pas les seuls. Les investisseurs ont vu dans cette mesure unilatérale une preuve de plus de l'impuissance des Européens d'agir de façon déterminée et coordonnée pour régler les problèmes de fond.

Les boursicoteurs peuvent amplifier les réactions des marchés à la conjoncture économique et financière, mais ils ne les créent pas. La crise de 2008 avait des fondements réels, à commencer par l'endettement déraisonnable des propriétaires immobiliers américains. La crise européenne trouve aussi son origine dans un endettement excessif, mais il s'agit de celui des états plutôt que des particuliers. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a eu raison de dire, dans sa lettre à ses homologues du G20, que les gouvernements doivent prendre des mesures pour rétablir l'équilibre des finances publiques sinon les marchés leur forceront la main. C'est ce qui arrivé à la Grèce et pourrait arriver à d'autres.

La reprise économique étant amorcée, les investisseurs redeviennent intolérants à l'égard des dettes gouvernementales excessives, en particulier quand les états concernés ne semblent pas vouloir ou pouvoir mettre de l'ordre dans leurs affaires. Certains gouvernements européens ont commencé à agir (Espagne, Portugal), mais c'est peut-être trop peu, trop tard. La zone euro a révélé une fragilité que tous soupçonnaient. L'action unilatérale de l'Allemagne mardi, a peut-être effacé tout l'impact positif qu'avait eu l'adoption du plan de sauvetage d'un milliard d'euros.

On n'en est moins conscient au Canada, l'économie mondiale reste fragile. Les investisseurs et les gens d'affaires étant très nerveux, la crise financière européenne pourrait rapidement se propager aux autres continents.

L'Europe doit tout faire pour sauver l'euro. Car comme l'a dit Mme Merkel, les conséquences d'un échec de l'union monétaire européenne seraient incalculables.