Le budget Bachand ose ouvrir des portes qui étaient jusqu'ici barrées à double tour, notamment en ce qui a trait au financement du système de santé. C'est pourquoi nous l'avons applaudi.

Le budget Bachand ose ouvrir des portes qui étaient jusqu'ici barrées à double tour, notamment en ce qui a trait au financement du système de santé. C'est pourquoi nous l'avons applaudi.

Pour des raisons évidentes, la plupart des contribuables sont furieux. Cette colère est compréhensible mais le gouvernement Charest ne doit pas y céder, sans quoi les finances publiques québécoises continueront de s'enliser. Pour autant, Québec ne devrait pas faire la sourde oreille aux suggestions qui lui sont faites de sorte que la population encaisse plus facilement le coup.

Déjà, plusieurs voix ont proposé que le montant de la nouvelle contribution santé soit proportionnel au revenu. Suivant le budget, cette contribution atteindra dans deux ans 200$ par adulte, quel que soit le revenu du ménage. Une famille de deux adultes et deux enfants gagnant 40 000$ paierait donc la somme substantielle de 400$ par année; celle gagnant 200 000$ verserait exactement le même montant. Il y a là une iniquité flagrante.

En Ontario, la Health Premium va de 60$ à 900$ par année. Pourquoi M. Bachand n'a-t-il pas emprunté une telle voie? Le ministre des Finances explique que si la contribution tenait compte du revenu, il s'agirait en fait d'un impôt. Eh bien oui! Qu'on cesse de jouer avec les mots, la contribution santé est bel et bien un nouvel impôt.

Cet impôt a le grand avantage d'être réservé au paiement de l'augmentation des dépenses de santé au-delà du rythme de croissance de l'économie. De ce fait, les contribuables verront chaque année l'impact sur leur fardeau fiscal de l'explosion des coûts de santé. De ce fait, ils seront peut-être plus prudents dans leur utilisation des services, quand c'est possible.

En plus de la contribution santé, le gouvernement compte mettre en place une franchise santé. Aucun détail n'est dévoilé dans les documents budgétaires; on y lit que le gouvernement compte « mener des travaux avec ses partenaires » à ce sujet. L'idée, qui ressemble beaucoup au ticket modérateur dont on parle depuis deux décennies, a été lancée par le comité Castonguay. Celui-ci suggérait une franchise de 25$ par visite médicale, prélevée une fois l'an en même temps que l'impôt sur le revenu. Le montant total ne pourrait dépasser 1% du revenu imposable.

Le projet mérite certainement d'être 1) développé et 2) débattu. Cependant, il fera face à de nombreux obstacles, notamment administratifs et légaux. Cela étant, on devra se demander s'il ne vaut pas mieux raffiner la contribution santé que d'y ajouter une nouvelle forme de paiement.

Au-delà des modalités, il est vrai que, comme on l'entend à satiété depuis mardi après-midi, le gouvernement «pige dans les poches des Québécois». Ces derniers devront s'y faire: le système de santé va coûter de plus en plus cher... à moins qu'ils soient prêts à en laisser tomber des pans.