Les tribunaux chinois ont rendu ces jours derniers deux décisions qui nous rappellent combien la Chine est encore loin de satisfaire les normes des pays développés en matière de droits de la personne.

Les tribunaux chinois ont rendu ces jours derniers deux décisions qui nous rappellent combien la Chine est encore loin de satisfaire les normes des pays développés en matière de droits de la personne.

Mardi dernier, un ressortissant britannique de 53 ans, Akmal Shaikh, a été exécuté pour avoir transporté en Chine quatre kg de cocaïne. La famille du supplicié et le gouvernement du Royaume-Uni ont déposé en cour une abondante documentation tendant à démontrer que l'homme souffrait de graves problèmes psychiatriques. La Cour populaire suprême a rejeté leur appel à la clémence.

Au moins, dans le cas de M. Shaikh, on a l'impression qu'un processus judiciaire a été suivi. Dans une autre affaire, l'accusé n'a eu droit qu'à un simulacre de justice. Le jour de Noël, Liu Xiaobo, le dissident le plus connu de Chine, a été condamné à 11 ans de prison pour «subversion du pouvoir d'État». Xiaobo a été arrêté il y a plus d'un an, peu de temps après avoir participé à la rédaction de la Charte 08, une pétition réclamant l'instauration d'une démocratie libérale et d'un État de droit dans son pays. Arbitrairement détenu pendant plusieurs mois, l'intellectuel a été condamné au cours d'un procès expéditif, procès qui s'est tenu à huis clos sauf la présence de quelques observateurs triés sur le volet.

Ces deux affaires ont valu aux autorités chinoises les protestations de plusieurs gouvernements, notamment ceux des États-Unis, de Grande-Bretagne, de la France et du Canada. Pékin a répliqué en dénonçant ces «ingérences grossières dans les affaires judiciaires chinoises».

Les pays occidentaux ont raison de protester lorsque la Chine déroge aux obligations qui devraient être celles de tout pays développé en matière de protection des droits fondamentaux. Devraient-ils aller plus loin, par exemple en mettant un frein au rapprochement économique entre les deux blocs? Ce serait futile. La Chine ne s'est jamais laissée bousculer. Pékin acceptera encore moins les leçons de l'étranger maintenant que, voyons la réalité en face, l'Occident a davantage besoin de la Chine que l'inverse.

L'Empire du Milieu a beaucoup changé depuis l'époque de Mao. Ces changements ne sont pas intervenus à cause des pressions venant de l'extérieur, mais parce que les dirigeants chinois ont estimé qu'ils étaient nécessaires pour sortir le pays de la pauvreté et de la marginalité. De même, l'évolution de la Chine vers un régime plus démocratique ne se produira pas parce que l'Occident l'exige, mais parce que la population chinoise le veut. Cela finira fatalement par arriver, les Chinois étant de plus en plus instruits, de plus en plus au fait de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Comme l'a dit Liu Xiaobao, «ce sont les citoyens qui feront la Chine libre du futur.»