Les négociations qui s'amorcent en vue du renouvellement des contrats de travail des employés du secteur public seront difficiles, et ce, même si les parties font preuve de bonne volonté. Pour le gouvernement comme pour les centrales syndicales, en effet, les enjeux sont de taille.

Côté syndical, les représentants des 262 000 employés de l'État veulent permettre à leurs membres de récupérer le pouvoir d'achat perdu pendant les deux années (2004 et 2005) de gel des salaires. Ils veulent aussi rapprocher les salaires du public de ceux qui sont payés dans le privé (bien que si on tient compte des avantages sociaux, la rémunération globale des employés du public est plus élevée que celle des travailleurs des entreprises).

 

Côté gouvernemental, la priorité est de freiner la croissance des dépenses afin de revenir à l'équilibre budgétaire d'ici trois ans. Or, chaque augmentation de salaire de 1% coûte 320 millions à l'État québécois. Les 3,75% par an réclamé par les centrales accroîtraient donc les dépenses du gouvernement de plus de 1 milliard chaque année.

Québec doit bien sûr être sensible au bien-être de ses employés, surtout s'il souhaite qu'ils s'engagent dans l'amélioration de la qualité des services. Cependant, le gouvernement fait aussi valoir que si on tient compte des sommes importantes dépensées aux fins de l'équité salariale de même que des diverses primes et améliorations de conditions de travail consenties, sa masse salariale a augmenté de 4,7% par année depuis 2000-2001, pour un total de 11 milliards.

Les syndicats rétorquent que tous leurs membres n'ont pas bénéficié de ces mesures. Ils ajoutent que les ajustements exigés par l'équité salariale ne constituent pas à proprement parler des augmentations de salaire, mais la correction d'une injustice. Cela est vrai, mais ne change pas le fait que l'argent vient de la même poche. Les centaines de millions versés pour l'équité salariale, pour les primes ou pour alléger la tâche des employés du secteur public ne sont plus disponibles pour des hausses générales de salaires.

On constate à quel point il sera difficile de réconcilier les positions des uns et des autres. Toutes les parties ont toutefois intérêt à ce que:

les finances publiques reviennent à l'équilibre;

la population soit satisfaite de la qualité des services publics;

le secteur public attire et retienne un personnel de qualité.

Si de part et d'autre on négocie en gardant ces trois priorités à l'esprit, il devrait être possible de trouver un terrain d'entente.