Selon Steve West, président du producteur d'isotopes médicaux MDS Nordion, il existe une solution simple à la pénurie actuelle. «La solution se trouve ici au Canada. La solution, c'est de redémarrer le projet MAPLE», a-t-il déclaré à un comité de la Chambre des communes.

Construits il y a une dizaine d'années, les réacteurs nucléaires MAPLE 1 et 2 devaient permettre la production de deux fois plus d'isotopes médicaux que la demande mondiale actuelle. Malheureusement, ils n'ont pu être mis en service en raison de problèmes techniques.

Énergie atomique du Canada (EACL) n'est pas parvenue à régler ces problèmes malgré des investissements de 250 millions à 600 millions (la somme exacte n'est pas connue). L'an dernier, avec l'accord du gouvernement Harper, EACL a décidé d'abandonner le projet.

Certains experts estiment que ce fut une grave erreur. Depuis que le vieux réacteur de Chalk River a cessé sa production en raison d'une fuite, on presse le gouvernement de revenir sur sa décision. La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, a rejeté cette idée: «Le problème est que, si le réacteur entrait en fonction, il ne serait pas sécuritaire parce qu'il y a une possibilité qu'on soit incapable de l'arrêter.»

La ministre exagère ou comprend mal. Les MAPLE comptent suffisamment de systèmes de protection pour empêcher qu'on perde contrôle de la réaction nucléaire. L'ingénieur John Waddington, qui a travaillé pendant 27 ans à la Commission candienne de sûreté nucléaire, a été catégorique à ce sujet: «Il ne fait absolument aucun doute que les réacteurs MAPLE sont sans danger. Je vivrais sans hésitation avec mes enfants et mes petits-enfants à proximité de ces réacteurs.»

Alors, pourquoi Énergie atomique du Canada les a-t-elle envoyés aux boules à mites? Parce que le réacteur ne se comporte pas comme l'avaient prédit ses concepteurs. Or, dans le domaine du nucléaire, les autorités gouvernementales ne permettent tout simplement pas la mise en service d'installations dont on ne comprend pas le fonctionnement dans les moindres détails.

Par conséquent, même si le gouvernement revenait sur la décision d'abandonner le projet MAPLE, il faudrait encore des années et «des centaines de millions» (selon le pdg d'EACL) avant que les réacteurs ne puissent servir à la production d'isotopes.

La solution miracle à la présente pénurie ne se trouve donc pas là. En fait, il n'y a pas de solution miracle. À court terme, le seul espoir réside dans la réparation rapide - trois mois? six mois? - du réacteur cinquantenaire de Chalk River.

Cela dit, il ne nous semble pas raisonnable que le projet MAPLE ait été mis sur la glace sans aucune forme de débat public. Énergie Atomique du Canada s'est contenté d'un bref communiqué de presse et est très peu bavarde depuis.

Les contribuables canadiens ont financé à coup de dizaines de millions la construction de ces installations. Les malades canadiens subissent les conséquences de la pénurie d'isotopes. Ne devraient-ils pas avoir voix au chapitre? Souhaitons que le groupe d'experts mis sur pied il y a trois semaines par le gouvernement se penchera sur l'opportunité de relancer le projet MAPLE.