Les chefs de gouvernement du G20 sont réunis aujourd'hui à Washington pour discuter d'une réforme du système économique mondial. Cette rencontre extraordinaire est le fruit du travail acharné du président français, Nicolas Sarkozy, qui a réussi à en imposer l'idée à George W. Bush. Une preuve de plus qu'un pays peut jouir d'une influence bien plus grande que celle conférée par son poids économique et militaire. Seulement, il faut que son gouvernement fasse preuve de leadership. Leadership dans les idées, leadership dans l'action.

Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, n'a pas montré depuis son accession au pouvoir qu'il a l'étoffe d'un leader. Il ne mène pas, il gère. Au pays même, les Canadiens se demandent ce que fait le gouvernement face à la crise internationale. Où en sommes-nous? Pouvons-nous agir? Le premier ministre reste le plus souvent cloîtré dans son bureau. Il ne parvient pas à exprimer une vision ambitieuse, à manifester de l'enthousiasme pour un plan d'action. Le projet de train rapide Québec-Windsor, par exemple, semble l'exciter autant qu'une bière chaude.

 

«Le devoir principal du leadership, c'est d'expliquer aux Canadiens ce qui se passe, disait jeudi le candidat à la direction du Parti libéral, Michael Ignatieff. Les gens ont peur. Leur expliquer ce qui se passe est le seul moyen de vaincre la peur. On peut ensuite agir ensemble.»

Hors de nos frontières, M. Harper n'est pas plus présent. Pourtant, parce que le Canada n'est déjà pas un gros joueur sur la glace internationale, il doit faire preuve d'une originalité et d'une énergie sans pareilles, sans quoi il sera marginalisé. À la veille du sommet du G20, le premier ministre canadien s'est entretenu avec plusieurs de ses homologues. Mais aux Canadiens, il n'a pas dit grand-chose.

Comme l'a fait remarquer l'ancien premier ministre Paul Martin, notre gouvernement ne peut pas se permettre une attitude aussi passive. «Le Canada a tout intérêt à prendre les commandes de la réforme du G8. Il ne faut pas se leurrer: nous ne sommes pas une des plus grandes économies de ce monde et rien ne garantit que nous participerons au résultat final», a-t-il expliqué cette semaine devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

La grande faiblesse de Stephen Harper, c'est son incapacité à communiquer avec ses concitoyens. Or, la communication est essentielle au leadership.

On peut trouver que M. Sarkozy en fait trop. N'empêche, le premier ministre canadien aurait intérêt à s'inspirer de sa philosophie de l'action politique. «Il est impossible à notre époque d'agir sans informer, expliquer, communiquer, chercher à convaincre, écrit Nicolas Sarkozy dans son Témoignage (XO Éditions, 2006). La communication est devenue le préalable à l'action. Elle en est la première étape. On ne peut plus distinguer le fond et la forme. Ils constituent un tout indissociable.»

Pour traverser la crise, pour jouer à nouveau un rôle utile sur la planète, le Canada a besoin de plus qu'un chef de gouvernement. Il nous faut un leader.