«Il n'y a pas une Amérique libérale et une Amérique conservatrice, il n'y a que les États-Unis d'Amérique. Il n'y a pas une Amérique noire, une Amérique blanche, une Amérique latino et une Amérique asiatique, il n'y a que les États-Unis d'Amérique.»

Ces paroles, prononcées par Barack Obama lors de la convention démocrate de 2004, resteront gravées dans l'histoire politique américaine. Elles ont propulsé Obama à l'avant-scène et ouvert la voie à son extraordinaire candidature à la présidence. Une candidature marquée par des discours remarquables, qui n'ont laissé personne indifférent. On se souviendra, en particulier, de son allocution sur les relations raciales, prononcée dans la foulée de la controverse déclenchée par son pasteur : «Je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier ma grand-mère blanche, une femme qui a fait tant de sacrifices pour moi, une femme qui m'aime plus que tout au monde, mais aussi une femme qui m'avouait sa peur des Noirs qu'elle croisait dans la rue et que, plus d'une fois, j'ai entendu faire des remarques racistes qui m'ont répugné. Ces personnes sont une partie de moi. Et elles font partie de l'Amérique, ce pays que j'aime.»

Comme beaucoup de grands leaders, Barack Obama s'est d'abord démarqué par ses talents oratoires. Ce n'est pas minimiser son mérite que de le souligner. Convaincre, unir, galvaniser, calmer : autant de tâches essentielles du leader, tâches qu'il accomplit d'abord par la parole.

Et surtout, surtout, les mots peuvent insuffler de l'espoir. L'espoir sans lequel rien n'est possible. Pensons à Churchill, à la Chambre des communes, le 13 mai 1940 : «Vous vous demandez : quelle va être notre politique ? Je vous répondrai : mener la guerre, sur la mer, sur terre et dans les airs, avec toute la volonté et toute la force que Dieu voudra nous donner.»

Pensons à de Gaulle, à Londres, un mois plus tard : «Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France.»

Pensons à Martin Luther King, le 28 août 1963 : «Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour le contenu de leur personne.»

Tout au long de cette campagne, les paroles de Barack Obama ont exprimé et canalisé l'espoir que les États-Unis retrouvent leur sens moral et leur réputation dans le monde, reprennent la route de la prospérité et sachent faire la paix autant que la guerre. «Seulement des mots », ont raillé ses adversaires. La réplique de Barack Obama fut foudroyante : « Ne me dites pas que les mots ne comptent pas. J'ai un rêve. Seulement des mots ? Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux. Seulement des mots ? Il est vrai que les discours ne règlent pas tous les problèmes. Mais il est également vrai que si nous ne parvenons pas à insuffler l'espoir à ce pays, toutes les politiques, tous les plans seront inutiles.»

Il arrive que les mots changent le cours de l'histoire.