Donald Trump, sors de ce corps!

Ces jours-ci, Maxime Bernier s'est mis à utiliser Twitter à la manière du président américain. Objectif : susciter la controverse, notamment en mettant le pied sur le terrain miné de la politique identitaire.

«Plus de diversité ne nous rendra pas plus forts, cela détruira notre pays», a-t-il écrit récemment sur le réseau social.

«La balkanisation culturelle amène la méfiance, les conflits sociaux et potentiellement la violence comme on le voit partout», a-t-il ajouté.

Il a aussi dénoncé l'idée de créer un jour férié consacré à la réconciliation autochtone et visant à commémorer la tragédie des pensionnats. Il a accusé un journaliste de diffuser des «fake news» et a qualifié un autre reporter d'«incompétent». Il a par ailleurs déploré qu'on puisse nommer un parc à Winnipeg en l'honneur du fondateur du Pakistan alors qu'à Victoria, on a déboulonné la statue de John Macdonald. Notons que le parc a été vandalisé depuis.

On connaît la chanson... Si Maxime Bernier continue sur cette lancée, sa prochaine cible sera «les élites», ce concept fourre-tout utilisé par le président américain pour dénoncer tous ses détracteurs. Puis, il dira qu'il représente la «majorité silencieuse», autre expression chère aux républicains. Espérons cependant qu'il ne se rendra pas jusque-là.

Parlez-en en bien ou parlez-en en mal, mais parlez-en... Si c'est ce que Maxime Bernier souhaitait, sa tactique a porté ses fruits.

Le député de Beauce a fait couler beaucoup d'encre. Il a carrément volé la vedette au chef de son parti, Andrew Scheer, à l'aube du congrès du Parti conservateur qui s'ouvre jeudi à Halifax.

On comprend les ténors du parti d'être irrités. Non seulement Maxime Bernier fait preuve d'un manque flagrant de loyauté, mais il mine le message plus modéré d'Andrew Scheer alors que les sondages démontrent que ce dernier a fait des progrès substantiels et se présente maintenant comme une solution de rechange crédible à Justin Trudeau.

On raconte que Maxime Bernier avait été surnommé «Mad Max», à l'époque où il avait oublié des documents confidentiels chez Julie Couillard, par ceux qui voulaient le dénigrer. Plutôt que de s'en plaindre, il a décidé d'en faire sa marque de commerce.

Même si certaines de ses idées ne font pas l'unanimité, il ne lâchera pas le morceau. Fort bien. Mais il y a une différence entre faire preuve de fermeté et agir en loose cannon.

Une différence entre défier la ligne de parti et nuire à son parti de telle façon que ses rivaux sauront en tirer profit.

Une différence entre susciter un sain débat sur le multiculturalisme et tenir des propos qui peuvent être interprétés comme un rejet des nouveaux arrivants ou qui semblent laisser entendre qu'immigration est synonyme de violence.

Une différence entre défendre la liberté de façon véritable et s'offusquer dès qu'on n'apprécie pas la façon dont les journalistes font usage de leur liberté d'expression.

Le Mad Max qui s'exprime actuellement sur Twitter donne l'impression d'être un politicien qui ne pense qu'à son nombril.

Un mauvais perdant qui n'accepte pas d'avoir terminé deuxième à la course à la direction de son parti et qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Même à diviser (tant son parti que le pays) pour régner.

Ce Mad Max-là est en train de donner raison à Andrew Scheer de l'avoir expulsé du cabinet fantôme du Parti conservateur en juin dernier. Et de donner raison aux militants de ne pas l'avoir choisi comme chef.

Ce Mad Max-là aurait tout avantage à retomber les deux pieds sur terre, à se remettre à discuter avec ses collègues (il ne se présente plus aux réunions de son parti, dit-on) et à ne pas tenter d'importer les méthodes mises de l'avant par le Parti républicain aux États-Unis.

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