Comment a répondu jusqu'ici le gouvernement canadien au feu et à la fureur de Donald Trump ? En faisant preuve de sang-froid.

Et ça ne fait plus de doute maintenant, cette stratégie est la bonne.

C'est probablement ce qui explique, du moins en partie, pourquoi le Canada vient d'échapper aux tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium.

Le dossier n'est pas clos. On ne va surtout pas sabler le champagne tout de suite. Le sort de ces deux secteurs est maintenant lié aux négociations sur le renouvellement de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

C'est du chantage de la part de l'administration Trump. C'est inacceptable. Et ça signifie qu'on n'est assurément pas sorti de l'auberge.

Mais à court terme, on vient d'échapper à une crise majeure. Il est permis de pousser un très bref soupir de soulagement. Et de saluer la décision du gouvernement fédéral de n'avoir jamais répondu aux provocations de Donald Trump par le feu et la fureur.

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Le récent voyage en Inde de Justin Trudeau, on l'a souligné, a été un véritable fiasco. Ailleurs sur la scène internationale, le gouvernement canadien a redoré l'image du pays, ternie par Stephen Harper. Mais il ne s'est pas particulièrement démarqué par son ardeur ou par la pertinence de ses initiatives.

Sauf aux États-Unis.

Là, le gouvernement canadien a déployé des efforts massifs pour persuader les sceptiques de l'importance de ne pas mettre en danger la relation commerciale entre les deux pays. Et pour mobiliser nos alliés afin qu'ils s'opposent à ceux qui, comme Donald Trump, pensent qu'il n'y a rien de mieux qu'une bonne guerre commerciale.

Ces efforts, comme ceux des élus ailleurs au pays et des membres du milieu des affaires, méritent d'être soulignés. On a multiplié les visites, les rencontres et les discussions. Certaines ont fait la manchette, mais la plupart ont été effectuées à l'abri des projecteurs.

Le mérite ne revient pas seulement aux membres des gouvernements. Les élus de l'opposition à Ottawa (et au sein des provinces) ont pris part à ces efforts.

Et ils ont eu la sagesse de ne pas faire de la relation commerciale canado-américaine un enjeu partisan. Devant la menace, on a tout avantage à serrer les coudes.

La stratégie a porté ses fruits. Depuis quelques mois, les alliés du Canada en sol américain font de plus en plus de bruit.

Fin janvier, 36 sénateurs républicains ont même publié une lettre - le jour du discours du président sur l'état de l'Union - pour défendre l'ALENA. Le même jour, l'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney était reçu au Congrès américain par le prestigieux comité du Sénat sur les affaires étrangères, où il a vanté les mérites de l'accord commercial.

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Répétons-le, cependant : il est trop tôt pour sabler le champagne. Le pire, d'ailleurs, est peut-être à venir.

Les négociations sur l'ALENA ne progressent pas assez vite. Et avec le départ récent de Gary Cohn, conseiller économique modéré et pragmatique de Donald Trump, les idéologues sont désormais plus influents au sein de la Maison-Blanche. Le discours protectionniste risque fort de s'amplifier.

En somme, si les efforts déployés par le Canada ont jusqu'ici été substantiels, ils devront l'être plus encore. Il serait naïf et malsain d'être trop optimiste. La suite des choses s'annonce éprouvante.

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