Dieu merci, le ton a baissé entre les États-Unis et la Corée du Nord. Les tambours de la guerre ne résonnent plus. Du moins... temporairement. Les Jeux olympiques démontrent une fois de plus à quel point le sport peut être rassembleur.

Parmi la délégation nord-coréenne à PyeongChang, il y a notamment des artistes et bon nombre de pom-pom girls. Les deux Corées seront même représentées par la même équipe de hockey féminin, qu'on verra sur la patinoire dès demain. Peu importe sa performance, ce match risque fort d'être considéré comme un succès.

Il est trop tôt pour affirmer, comme l'a fait prématurément le président du CIO Thomas Bach, que les Jeux « permettent l'ouverture d'une nouvelle ère dans la péninsule coréenne ». Mais le rapprochement entre les deux Corées est indéniable. Et il tombe à pic, puisque la situation s'envenimait.

Est-ce dire que la Corée du Nord et les États-Unis vont renouer avec la diplomatie et qu'une sortie de crise est envisageable ? Il reste malheureusement plusieurs obstacles avant qu'on puisse espérer un tel dénouement.

D'abord, on a du mal à savoir si le régime de Kim Jong-un est sincère. C'est vrai, il a dépêché un membre de sa famille en Corée du Sud : sa soeur, Kim Yo-jong. Mais ce dangereux tyran cherche peut-être simplement à amadouer l'opinion publique à l'extérieur de son pays. Et à gagner du temps.

Du côté américain, les raisons d'espérer ne sont guère plus nombreuses. On peut comprendre pourquoi Washington tient à durcir encore un peu plus les sanctions à l'égard de la Corée du Nord afin de faire pression sur le régime. Mais ce qui est préoccupant, c'est que la Maison-Blanche ne semble pas encore prête à s'engager à trouver une solution négociée à cette crise. Non seulement elle n'a pas l'air de vouloir privilégier la diplomatie, mais elle s'entête à vouloir que d'éventuels pourparlers portent sur la dénucléarisation de la Corée du Nord. C'est contre-productif.

Rares sont les experts de la question qui jugent possible de convaincre le régime nord-coréen de renoncer à la bombe. Il est plus réaliste de l'empêcher de produire de nouvelles bombes et de le surveiller de très près pour qu'il respecte les conditions négociées dans le cadre d'une entente potentielle.

C'est que l'arme nucléaire représente, pour Kim Jong-un, la meilleure façon d'assurer la survie de son régime. Et les menacesde Donald Trump ne font rien pour le convaincre que son avenir s'annonce radieux s'il décide de mettre de côté ses ambitions nucléaires.

Il est étonnant de voir que la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, à ce sujet, n'est que le porte-voix de Washington. Sur le démantèlement forcé de l'arsenal nord-coréen, elle tient un discours similaire à celui de l'administration Trump.

Il faut bien sûr se réjouir des efforts du Canada pour devenir un acteur important dans le dossier nord-coréen. L'organisation du sommet de Vancouver à la mi-janvier était une initiative imparfaite, mais néanmoins justifiée. Cela dit, Ottawa peut certainement faire à la fois plus et mieux.

Tendre la main à la Corée du Nord de façon sérieuse, par exemple, comme le suggérait dans nos pages récemment l'ex-ambassadeur du Canada en Chine, Guy Saint-Jacques. Peut-être en y expédiant un émissaire ?

Car si le dégel auquel on assiste actuellement dans la péninsule coréenne est une bonne nouvelle, les efforts diplomatiques à déployer rapidement pour espérer une sortie de crise demeurent substantiels. Il serait naïf d'espérer un miracle olympique.

photo damir sagoli, archives reuters

Kim Yo-jong, soeur de Kim Jong-un

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