« Dans cinq ou dix ans, on veut pouvoir entendre dire qu'on a agi comme il le fallait. » C'est ce qu'a déclaré hier le président américain, Donald Trump, qui s'est rendu au Texas avec sa femme, Melania.

Un président américain n'est pas qu'un commandant en chef. On dit souvent aux États-Unis que, lors d'une tragédie, il doit se transformer en « consolateur en chef ».

C'est un peu ce que Donald Trump a tenté de faire hier et, on présume, ce qu'il continuera de faire au cours des prochains jours. Il a visiblement encore des choses à apprendre pour ce qui est de l'empathie et de la sollicitude. On a brièvement eu l'impression, au Texas, qu'il se comportait comme s'il s'adressait à des partisans plutôt qu'à des sinistrés.

Cela dit, c'est rassurant de le voir gérer une crise et non en provoquer une...

Par contre, si Donald Trump a véritablement l'intention qu'on se souvienne de lui comme du président qui a « agi comme il le fallait » en ce qui concerne la gestion des catastrophes naturelles, il devrait aussi cesser de mettre des bâtons dans les roues de la lutte contre les changements climatiques. Cesser de croire qu'il s'agit d'un fait alternatif.

On ne cesse de le répéter : il est très difficile d'associer une catastrophe naturelle spécifique au réchauffement de la planète.

Ce qui ne fait plus de doute, cependant, c'est que ce réchauffement a un impact indéniable sur la fréquence de bon nombre de phénomènes climatiques extrêmes.

Il favorise aussi une augmentation de l'intensité de certains d'entre eux. Incluant les ouragans.

Impossible, dans ce contexte, de passer sous silence le fait que le record historique de précipitations aux États-Unis lors d'un ouragan semble avoir été dépassé hier. On a franchi, au Texas, le cap des 125,27 centimètres de pluie.

Par ailleurs, qui dit hausse des températures dit aussi hausse du niveau des mers. Ce qui signifie que les habitants des zones côtières aux États-Unis (et ailleurs dans le monde, d'ailleurs) vont pâtir encore plus lors des prochaines catastrophes naturelles.

Vous pouvez ajouter à ça une autre certitude : lorsque la nature se déchaîne de cette façon, le fait d'habiter la première puissance mondiale ne signifie pas nécessairement que vous serez en sécurité. Harvey, l'ouragan qui frappe le plus durement le pays depuis Katrina en 2005, est en train de le démontrer. Une fois de plus.

« Prenez bonne note de ce qui s'est passé à Houston. Il est rare de pouvoir jeter un regard aussi saisissant à notre avenir collectif », a écrit hier le chroniqueur du Washington Post Eugene Robinson.

Il y a fort à parier, malheureusement, que Donald Trump n'en prendra pas bonne note. Qu'il continuera à nier que l'activité humaine est responsable des changements climatiques. Qu'il continuera à faire preuve de mépris à l'égard des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Comment penser, alors, que son administration élaborera des politiques publiques visant à faire face aux défis d'adaptation auxquels son pays est confronté en raison des changements climatiques ? Et comment penser, de façon plus générale, qu'elle contribuera à freiner le réchauffement de la planète ?

Tout ça nous force à nous poser une ultime question : comment Donald Trump peut-il sérieusement croire qu'il est en train d'agir « comme il le fallait » ?

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450 000

Nombre potentiel de personnes qui pourraient avoir besoin d'une aide d'urgence, selon l'agence fédérale des situations d'urgence (FEMA).

2,3 millions

Nombre d'habitants à Houston, quatrième ville en importance aux États-Unis (plus de 6 millions si on tient compte des banlieues).

Source : Agence France-Presse

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