On n'a jamais pu véritablement expliquer l'engouement et la fascination de Donald Trump pour Vladimir Poutine.

Une admiration qui, au cours de la dernière année, a mené à plusieurs déclarations troublantes du président américain au sujet de son homologue russe.

C'est bien simple, on avait l'impression que Donald Trump jugeait Alec Baldwin (l'acteur de Saturday Night Live qui le ridiculise) plus redoutable que Vladimir Poutine.

C'était fort probablement le résultat d'un mélange de naïveté et d'amateurisme.

Mais Donald Trump, moins de trois mois après son arrivée à la Maison-Blanche, vient d'être rattrapé par la réalité.

Le président américain commence à comprendre que ce qui est bon pour Vladimir Poutine n'est souvent pas bon pour les démocraties occidentales.

Et ce qui est bon pour les démocraties occidentales agace souvent Vladimir Poutine.

Comme l'écrivait il y a près de 10 ans l'historien américain Robert Kagan, « le nationalisme des grandes puissances règne de nouveau en Russie, accompagné, comme il se doit, des calculs et des ambitions qui sont alors la règle ».

Malheureusement, selon les calculs de Vladimir Poutine, ce désir de grandeur implique souvent une rivalité avec les démocraties occidentales plutôt qu'une relation constructive.

L'attaque chimique de la semaine dernière en Syrie a permis à Donald Trump de s'en rendre compte. Et de constater que le dossier syrien est l'un de ceux dans lesquels la Russie pense avant tout à ses propres intérêts.

Ceux-ci, tragiquement, ne sont pas les mêmes que ceux du peuple syrien. Pas les mêmes, donc, que les puissances occidentales qui souhaitent une solution négociée dont le dictateur Bachar al-Assad ne ferait pas partie.

Le dossier a plombé l'ambiance à Moscou hier entre le secrétaire d'État américain Rex Tillerson et son homologue russe Sergueï Lavrov. En conférence de presse à la suite de leur rencontre, les deux hommes n'avaient pas l'air de s'être liés d'amitié. Ils ont plutôt fait état de leurs divergences.

La froideur de Rex Tillerson à l'égard des autorités russes était hautement symbolique. À l'époque où il dirigeait ExxonMobil, il a « conclu des affaires énormes avec la Russie », avait fièrement fait savoir Donald Trump. Ce PDG avait même reçu « l'ordre de l'Amitié » russe des mains de Vladimir Poutine.

L'administration Trump est donc en pleine « dépoutinisation ». En matière de politique étrangère, la lucidité est bonne conseillère.

Il faut maintenant souhaiter que la Maison-Blanche puisse rapidement articuler une politique réaliste à l'égard de la Russie et cesser d'improviser.

Les États-Unis n'ont pas intérêt à couper les ponts avec la Russie. Le dialogue demeure à l'ordre du jour, ont précisé MM. Tillerson et Lavrov hier. C'est tant mieux, car il est souhaitable. Une nouvelle guerre froide n'est dans l'intérêt de personne.

Vladimir Poutine ne doit surtout pas être répudié. Ni même boudé. Il n'est pas le diable. Mais l'administration Trump doit cesser de penser que le Kremlin est peuplé de licornes.

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