La Chine. L'Arabie saoudite. La Russie. Le Royaume-Uni. L'Inde. La France. Le Japon. Ces sept pays sont ceux qui, dans l'ordre, consacrent le plus d'argent à leur défense. Après les États-Unis, qui occupent bien sûr le premier rang.

Ce qui frappe l'imaginaire, derrière cette énumération, c'est que les dépenses militaires des États-Unis sont supérieures à celles des sept autres pays réunis!

En 2015, les dépenses militaires des États-Unis avaient atteint 596 milliards. Les sept pays qui talonnaient Washington - même si l'expression «talonner» est, dans ce cas, un peu exagérée - ont pour leur part dépensé 566 milliards.

Cette mise en contexte est nécessaire si on veut prendre la mesure de la hausse du budget américain de la Défense recommandée par Donald Trump cette semaine.

Lors de son discours remarqué au Congrès américain, il a promis de présenter un budget réclamant «les plus grandes hausses de dépenses dans la défense nationale de l'histoire américaine».

Il demande aux membres du Congrès d'y consacrer 54 milliards de dollars de plus pour 2018, soit une hausse de près de 10%.

Évidemment, le reste du monde n'a pas son mot à dire sur les choix budgétaires des élus des États-Unis. On peut néanmoins se montrer soucieux devant cette surenchère sur le sol américain.

Premièrement parce que les tentations impérialistes, à Washington, ne sont jamais bien loin.

Ensuite parce que l'actuel président américain ne s'est pas montré rassurant. «Nous devons recommencer à gagner des guerres», a-t-il dit lundi devant des gouverneurs américains à qui il expliquait sa décision.

Ce qui n'est pas sans rappeler des propos tenus par Madeleine Albright, jadis ambassadrice à l'ONU et secrétaire d'État. «Quel est l'intérêt d'avoir cette superbe machine militaire [...] si on ne peut pas s'en servir?», avait-elle lancé au début des années 90.

Une dizaine d'années plus tard, le président George W. Bush lui a, en quelque sorte, fait écho. Il s'en est servi. Deux guerres ont été menées simultanément : en Irak et en Afghanistan. Avec les conséquences que l'on sait...

Rappelons qu'à l'époque, au sein de l'appareil gouvernemental, les diplomates du département d'État ont été supplantés par les dirigeants du Pentagone. C'est l'un des facteurs ayant mené à la guerre en Irak.

Donald Trump, lui, a passé son temps en campagne électorale à décrier - avec raison - la mésaventure américaine en Irak. Pourtant, pour doper le budget de la défense, il souhaite marginaliser le département d'État. Il veut réduire son budget du tiers (il se chiffre actuellement à 38 milliards) et, en outre, sabrer les programmes d'aide internationale.

Ce choix périlleux a rapidement été décrié par des... militaires. Plus de 120 anciens hauts gradés à la retraite ont rédigé une lettre pour expliquer que les sommes en péril sont «cruciales pour prévenir les conflits et mettre en danger le moins possible nos hommes et femmes en uniforme».

Les membres du Congrès peuvent à la fois écouter ces anciens militaires et tirer des leçons de l'histoire.

On espère qu'ils évalueront avec sérieux si plus d'argent est véritablement nécessaire. En gardant à l'esprit que si l'armée américaine n'a triomphé ni en Irak ni en Afghanistan, ce n'est vraisemblablement pas parce qu'elle était sous-financée.

Par ailleurs, si vraiment les dépenses militaires doivent augmenter, on souhaite ardemment que cela ne se fasse pas au détriment de la diplomatie américaine.

Source : les chiffres des dépenses militaires de 2015 ont été compilés par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

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