Dès l'arrivée de Justin Trudeau au pouvoir à la fin de 2015, on a compris que le grand « retour » du Canada dans le monde passait, entre autres, par les opérations de paix. Rappelons que le Canada est à l'origine de la création des Casques bleus.

La décision a donc été prise, l'été dernier, de renouer avec cet héritage en déployant 600 militaires canadiens dans le cadre d'une des missions de l'ONU déjà en cours. Elle a été accueillie avec enthousiasme.

Le Canada allait être un architecte de la paix, soutenait le ministre des Affaires étrangères d'alors, Stéphane Dion. Il ne restait qu'à déterminer le pays qui accueillerait les militaires canadiens. Le nom du Mali était sur toutes les lèvres.

Mais ça... c'était avant l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Il semble, cette année, y avoir une poignée de sable dans cet engrenage.

Récapitulons. En janvier, Stéphane Dion perd son poste. Puis, au début de février, on apprend que celle qui le remplace (Chrystia Freeland) est sommée de veiller à ce que les futurs déploiements de militaires à l'étranger reflètent « les intérêts nationaux du Canada ».

Dans la foulée, des sources ont confié à un journaliste du Globe and Mail que le gouvernement fédéral a mis sur la glace notre participation aux opérations de paix. Du moins jusqu'à ce qu'on sache ce que Donald Trump attend du Canada en matière de défense.

C'est regrettable.

Il faut veiller à demeurer dans les bonnes grâces de l'administration Trump, on l'a dit. Mais notre gouvernement n'a pas à se plier aux quatre volontés du président américain lorsqu'il s'agit de prendre des décisions qu'il juge légitimes et souhaitables en matière de politique étrangère.

D'autant plus que jusqu'ici, Trump et son entourage n'ont pas fait preuve d'un jugement très sûr pour ce qui est des relations internationales.

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Le Canada assure, conjointement avec les États-Unis, la défense de notre continent. Il est aussi impliqué, à l'étranger, dans des missions de la plus haute importance pour Washington.

Plusieurs centaines de militaires canadiens sont actuellement en Irak, en Ukraine, en Pologne et seront, bientôt, en Lettonie, où ils dirigeront une mission de l'OTAN.

Certains sont en guerre contre le groupe armé État islamique, d'autres cherchent à dissuader la Russie de considérer le territoire de ses voisins comme son terrain de jeu.

Dans ce contexte, la participation de 600 soldats canadiens à une opération de paix est une suite logique.

Ce qu'on sait à Ottawa, c'est que les conflits et le terrorisme sont, dans certains pays d'Afrique, liés. Que la stabilisation de ces zones où les organisations terroristes tentent d'étendre leur emprise est cruciale.

On sait aussi que le Canada offre, pour de telles missions, tant l'expertise que l'équipement qui font défaut à beaucoup d'autres pays qui y prennent part. Avec, dans le cas du Mali, l'atout de la langue française.

Plutôt que d'attendre l'avis de Donald Trump à ce sujet, il faut lui expliquer que les États-Unis ont tout à gagner d'une participation accrue du Canada aux opérations de paix de l'ONU.

Photo archives La Presse Canadienne

« Des sources ont confié à un journaliste du Globe and Mail que le gouvernement fédéral a mis sur la glace notre participation aux opérations de paix. Du moins jusqu'à ce qu'on sache ce que Donald Trump attend du Canada en matière de défense », souligne Alexandre Sirois.

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