Tentative de coup d'État, heurts avec les Kurdes, économie vacillante : le groupe armé État islamique n'est pas le seul problème auquel fait face le pays d'Erdogan.

Autant 2016 fut une année à oublier pour la Turquie - un coup d'État raté et plusieurs attentats meurtriers ont fragilisé le pays -, autant 2017 commence et augure mal.

Un terroriste a tué 39 personnes qui célébraient le Nouvel An dans une discothèque renommée d'Istanbul. Les victimes sont en majorité des étrangers, incluant une Canadienne, mère de deux jeunes enfants.

L'attentat a été revendiqué par le groupe armé État islamique. Ça n'est vraisemblablement pas le premier commis par ces fous de Dieu en Turquie et cela risque fort, malheureusement, de ne pas être le dernier.

Le pays a été pris pour cible depuis qu'il participe avec plus de vigueur à la lutte pour éradiquer les membres de cette organisation terroriste, qui contrôle encore aujourd'hui une partie importante de la Syrie et de l'Irak.

La Turquie est liée au territoire européen, mais elle partage aussi sa frontière Sud avec ces deux pays instables.

Ce nouvel attentat visait à « détruire le moral du pays et à semer le chaos », a affirmé le président Recep Tayyip Erdogan. Un député membre du principal parti d'opposition, Akif Hamzaçebi, a pour sa part dit qu'il s'agissait « d'une attaque contre un certain mode de vie ». Les deux observations sont rigoureusement exactes.

Elles nous rappellent à quel point la lutte contre le groupe armé État islamique est primordiale et doit continuer de figurer, avec une véritable conviction, parmi les priorités de la Turquie et celles de tous ses alliés, incluant le Canada. Tout comme doit l'être une éventuelle sortie de crise en Syrie.

Mais la menace représentée par le groupe armé État islamique n'est pas le seul problème auquel fait face la Turquie ces jours-ci.

Depuis l'été 2015, l'État turc et le mouvement kurde sont de nouveau à couteaux tirés. Les exactions et attentats revendiqués par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se multiplient et la répression menée par le régime à l'égard des Kurdes et de leurs alliés augmente.

Par ailleurs, le coup d'État raté en juillet dernier a rappelé à quel point le pays est divisé. Les représailles d'envergure menées depuis par le président islamo-conservateur n'ont rien fait pour atténuer ces divisions. Il a ratissé large : des quelque 60 000 personnes ayant été arrêtées, bon nombre, semble-t-il, l'ont été de façon arbitraire. Incluant des opposants politiques du régime, des journalistes et des écrivains.

La peur règne encore parmi ceux qui n'ont pas d'atomes crochus avec le président Erdogan.

Déjà, avant cette tentative de putsch, il se comportait en leader autoritaire. C'est encore pire aujourd'hui. La démocratie semble se porter aussi mal en Turquie qu'en Russie, ce qui est loin d'être une bonne nouvelle.

L'économie, elle, est en perte de vitesse. Comment pourrait-il en être autrement ? Les quelque trois millions de réfugiés syriens accueillis au cours des dernières années rendent l'équilibre du pays encore un peu plus précaire.

La Turquie nous offre donc, en ce début d'année, de multiples raisons de désespérer.

Il faut pourtant souhaiter ardemment que cette puissance régionale de près de 80 millions d'habitants, véritable pont entre l'Occident et l'Orient, trouve des solutions aux nombreux maux qui l'affligent. Le monde ne peut pas se permettre de la voir sombrer dans le chaos.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion