Quand Donald Trump parle de Vladimir Poutine, on a parfois l'impression d'entendre le discours d'un garçon d'honneur au sujet d'un marié.

Ses déclarations transpirent l'admiration et son enthousiasme le pousse à oublier les défauts de celui dont il fait l'éloge.

« Il a été un leader, beaucoup plus que notre président ne l'a été », avait-il dit du président russe, en pleine campagne électorale, le comparant à Barack Obama.

Une affirmation si risible qu'on n'a pas assez dit à quel point elle était odieuse.

À moins bien sûr qu'on soit d'accord avec l'idée qu'un grand leader est celui qui préfère l'affront au compromis, la force à la diplomatie et qui se débarrasse - au propre comme au figuré - de ceux qui ne pensent pas comme lui.

La plus récente preuve de l'aveuglement de Donald Trump : son attitude dans le dossier du piratage informatique russe. Au cours du week-end, certains médias américains ont révélé que la CIA, dans un rapport confidentiel, estime que les courriels démocrates volés par la Russie l'ont été dans le but de faire triompher le candidat républicain.

« Je n'y crois pas », a-t-il répliqué dimanche. Dénigrant les services américains du renseignement, il a qualifié de « ridicules » leurs conclusions.

Pour une rare fois depuis sa victoire, les ténors républicains au Congrès américain lui ont tenu tête. Ils ont plaidé en faveur d'une enquête parlementaire pour faire la lumière sur cette troublante affaire.

Les voir se dissocier de Donald Trump dans ce dossier est une excellente nouvelle. Car ils seront les seuls à pouvoir modérer les ardeurs du milliardaire républicain lorsqu'il sera en poste.

Et tout ce qu'il a dit jusqu'ici semble démontrer qu'il traitera le président russe avec l'inconscience d'un jeune premier.

Ce qu'il a dit... et ce qu'il fait. Le général à qui Donald Trump a offert le prestigieux poste de conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, a déjà été rémunéré par Russia Today. Grâce à ce réseau, qui fait la propagande du régime russe, il s'est retrouvé assis à la même table que Vladimir Poutine lors d'un dîner de gala l'an dernier.

Celui qui pourrait devenir le prochain secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, s'est pour sa part vu décerner « l'ordre de l'Amitié » par Vladimir Poutine.

Grand patron d'ExxonMobil, cet homme d'affaires a « conclu des affaires énormes avec la Russie », s'est félicité Donald Trump.

Ces choix, jumelés aux propos lénifiants de Trump au sujet de Vladimir Poutine, ont de quoi provoquer une indigestion même chez les partisans d'un rapprochement avec Moscou.

Car il faut, bien sûr, espérer une meilleure relation entre les pays occidentaux - incluant les États-Unis - et la Russie. Mais ça ne veut pas dire faire preuve de naïveté. Le gouvernement canadien, par exemple, a sagement renoué avec le dialogue, sans pour autant cesser de parler de « sanctions » et de « dissuasion ».

Vladimir Poutine est l'homme pour qui l'effondrement de l'Union soviétique a été « la plus grande catastrophe géopolitique du siècle » dernier. Un président qui a des rêves de grandeur et de revanche.

Les frontières de la Russie ne se « terminent nulle part », a-t-il dit récemment, avant de préciser qu'il s'agissait d'une blague. Sachant maintenant de quoi il est capable - les Ukrainiens, notamment, peuvent en témoigner -, rares sont ceux qui l'auront trouvée drôle.

L'angélisme de Donald Trump à son égard est extrêmement inquiétant.

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