Permettez-nous, si vous le voulez bien, de revenir en arrière.

Plus précisément en septembre 2015. « J'implore le gouvernement actuel d'en faire plus dans l'immédiat pour répondre à cette crise, à cette catastrophe humanitaire », avait lancé Justin Trudeau à Stephen Harper lors d'un débat.

On connaît la suite. Le candidat libéral a été élu, en octobre, après avoir promis d'accueillir 25 000 réfugiés syriens en l'espace de quelques semaines.

Puis, en novembre, les craintes ont commencé à apparaître. Particulièrement dans la foulée des attentats barbares perpétrés à Paris le 13 novembre.

Au Québec, une pétition a été lancée pour dire « non à l'immigration de réfugiés syriens ». Un sondage CROP a révélé que six Québécois sur dix s'opposaient à l'accueil de 25 000 d'entre eux avant le 31 décembre 2015. Du fond de sa Saskatchewan, Brad Wall a plaidé pour une suspension du projet.

Le gouvernement libéral a accepté de repousser la date butoir, mais a tenu à travailler dans l'urgence. Tous les réfugiés ont été accueillis avant la fin du mois de février 2016.

Sans drame.

Ce qui s'est produit est enfait le contraire d'une tragédie. Un an plus tard, on s'en rend compte hors de tout doute.

La mobilisation a été exceptionnelle - on peut en témoigner au Québec. De la population aux élus, en passant par plusieurs groupes et organismes.

Il faut toutefois, sans gâcher la fête, se souvenir que l'initiative est loin d'être terminée.

À ce sujet, les auteurs d'un rapport du Sénat canadien publié la semaine dernière font preuve de lucidité. « La joie et le soulagement ressentis par les réfugiés à leur arrivée dans un pays sûr commence à s'estomper. Faire venir les réfugiés au Canada n'était qu'un premier pas. Il est maintenant essentiel de veiller à leur intégration au sein de la société canadienne... », y lit-on.

Qui dit intégration réussie dit apprentissage de la langue et obtention d'un emploi. Dans le cas du premier objectif, le gouvernement du Québec dit avoir mis les bouchées doubles et, contrairement à ce qui se passe ailleurs au Canada, aucun réfugié syrien ne se retrouve sur une liste d'attente pour avoir droit à des cours de langue. C'est un bon début.

Quant à l'accès au marché du travail, il y a encore loin de la coupe aux lèvres, comme l'a démontré mon collègue Paul Journet ces derniers jours dans nos pages. D'importants efforts doivent être déployés rapidement pour aider les immigrants, syriens ou pas, à décrocher un emploi.

Enfin, comme l'a recommandé le Comité sénatorial permanent des droits de la personne, il faut aussi se pencher avec plus de sérieux sur la question de la santé mentale des réfugiés syriens. Un plan doit être établi et mis en oeuvre sans tarder.

On peut cependant continuer à trimer dur pour l'intégration des réfugiés syriens et célébrer le premier anniversaire de leur arrivée.

Se féliciter du succès de cette généreuse initiative qui survient dans un contexte où les réfugiés ont mauvaise presse.

Loin de nous l'idée d'affirmer que la réinstallation de ces réfugiés ressemble à un conte de fées. Mais il y a assurément, dans l'accueil qu'on offre à ces rescapés de l'enfer syrien, de quoi inspirer plusieurs contes de Noël.

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