On sait que le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump, ce soir, risque d'attirer un nombre record de téléspectateurs.

Mais à quoi assisterons-nous ? À un choc de titans qui s'apparente à un match de lutte dans la boue où tous les coups sont permis ? Voici trois pièges que les candidats et le modérateur doivent absolument éviter.

DES GROSSIÈRETÉS

« Regardez ces mains, est-ce que ce sont des petites mains ? », a lancé Donald Trump lors d'un débat républicain au printemps dernier. L'un de ses rivaux, Marco Rubio, avait insinué - non, ça ne s'invente pas - que si le milliardaire avait de petites mains, c'est qu'il avait un petit... pénis. « Je vous jure qu'il n'y a pas de problème », a précisé Donald Trump.

À grand renfort de coups d'éclat, d'insultes et de grossièretés, il aura la plupart du temps cloué le bec à ses adversaires républicains. Et il a remporté haut la main la course à la direction du parti. Les débats chez les démocrates ont été beaucoup plus sobres et ils ont mis l'accent sur les idées et les programmes des candidats. C'est ce qu'il faut espérer pour la rencontre de ce soir.

On veut une joute verbale qui servira à déterminer qui dirigera la première puissance mondiale, et non un match de lutte dans la boue.

Le contraire serait une insulte au bon sens.

DES BANALITÉS

Si Donald Trump doit faire des efforts pour demeurer respectueux et respectable, Hillary Clinton, pour sa part, doit trouver le moyen d'être inspirante. Offrir une performance relevée. Les attentes, à son égard, sont élevées. Peut-être trop, d'ailleurs. On lui demande d'être enthousiaste et dynamique (notamment pour faire oublier sa pneumonie), mais pas trop : certains commentateurs lui ont déjà reproché de crier. On lui demande de ne pas se laisser manger la laine sur le dos, mais elle doit garder son sang-froid : des experts affirment que son air calme peut l'aider à se démarquer d'un rival imprévisible et souvent agressif.

Ce qui est certain, c'est que l'ancienne secrétaire d'État ne peut pas se permettre d'avoir l'air de la « secrétaire du statu quo », expression utilisée par certains républicains pour la dénigrer. Elle doit se tenir loin des banalités, des clichés et de la redite. Son défi est d'exposer clairement son plan pour les quatre prochaines années, mais aussi les raisons pour lesquelles les Américains peuvent lui faire confiance pour succéder à Barack Obama.

DE LA COMPLAISANCE

Donald Trump ment comme un arracheur de dents. Il dit une chose et son contraire. Il est capable de rouler les journalistes dans la farine et de tromper le public avec une aisance rarement vue chez un candidat à la présidence des États-Unis. Hillary Clinton, on doit s'y attendre, cherchera à remettre les pendules à l'heure chaque fois que son rival jouera au charlatan. Mais elle n'est pas neutre et sera donc perçue comme illégitime par une partie des téléspectateurs.

D'où l'importance, lors du débat, du modérateur. Le journaliste Lester Holt, présentateur vedette du réseau NBC, n'est pas né de la dernière pluie. Il a 35 ans d'expérience. Il devra jouer son rôle sans complaisance et chercher à obtenir des candidats - particulièrement du républicain - toute la vérité, rien que la vérité. Faute de quoi, le grand publi sera le grand perdant de ce premier débat.

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