Les ministres du gouvernement de Justin Trudeau ont récemment été convoqués, pour une retraite de deux jours, à Sudbury, en Ontario. Ils logeaient... dans une résidence étudiante. Et ils étaient forcés de partager leur chambre.

Les journalistes ont fait grand cas, évidemment, de cette situation inédite. Ils ont évoqué les économies potentiellement réalisées. Car habituellement, ces retraites se déroulent dans des endroits plus luxueux. L'idée était de rappeler aux ministres, a affirmé la directrice des communications de Justin Trudeau, ce qu'est « la vraie vie ».

C'était une initiative on ne peut plus judicieuse, qui tombait à pic.

Car certains ministres ne semblaient pas avoir réalisé qu'ils doivent faire preuve de retenue lorsqu'ils dépensent l'argent des contribuables.

Il y a d'abord eu la ministre de la Santé, Jane Philpott. Elle a dépensé plus de 7000 $ pour une poignée de déplacements en « limousine ». On a ensuite su qu'elle avait tenté de se faire rembourser par Ottawa son abonnement annuel aux salons d'Air Canada situés dans les aéroports.

La poussière n'était pas encore retombée qu'on apprenait que le ministère de l'Environnement et des Changements climatiques (dirigé par Catherine McKenna) avait offert un contrat de près de 7000 $ à un photographe français l'an dernier. Il devait documenter la participation de nombreux Canadiens à la conférence de Paris sur le climat.

Enfin, mercredi, on a appris que le Conseil du Trésor, sous la gouverne de Scott Brison, avait déboursé quelque 12 000 $ pour la location d'une salle du Centre national des arts à Ottawa afin d'y réunir l'ensemble de ses 2000 fonctionnaires.

Ces dépenses font sourciller - tout particulièrement celles de la ministre de la Santé. Fort heureusement, l'attitude du premier ministre et de ses ministres dans la foulée de ces révélations a été exemplaire.

Jane Philpott a fait son mea culpa et a remboursé près de 4000 $, pendant que Justin Trudeau exhortait ses députés à la « prudence extrême » en matière de dépenses. Catherine McKenna, pour sa part, a demandé à son ministère de vérifier s'il est possible de réduire les coûts associés à la prise de photos lors d'événements auxquels participent les politiciens fédéraux.

N'en déplaise au député conservateur Gérard Deltell, qui a poussé des cris d'orfraie cette semaine à ce sujet, ce ne sera peut-être pas si évident. La preuve en est que le gouvernement de Stephen Harper a dépensé « au moins 2,3 millions pour photographier ses ministres » en huit ans, rappelait mardi La Presse Canadienne.

L'heure n'est donc pas à la démagogie. Tous les députés fédéraux devraient cependant profiter de l'occasion pour rendre plus transparent le processus de divulgation de leurs dépenses.

Peut-être, par exemple, en acceptant que tous leurs reçus soient publiés sur le web, comme le suggère la Fédération canadienne des contribuables. C'est ce qui est fait depuis quelques années au Royaume-Uni et en Alberta.

L'objectif doit être de trouver un moyen de rappeler aux députés ce qu'est « la vraie vie » sans avoir besoin de les forcer à dormir dans une résidence étudiante sur une base régulière.

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